IIème partie : Jreïda, le calvaire : humiliations, tortures, faux aveux et exécutions.
Flam-mauritanie.org : Comment se passaient les choses concrètement à l’intérieur du camp ?
Cheikh FALL : On recevait un message du Service Transmissions qui nous prévenait de l’arrivée de « colis ». C’est comme cela que les prisonniers étaient désignés. Jreïda était situé à l’opposé de Nouakchott. Il fallait donc traverser toute la ville pour y arriver.
Il y a 29 ans, le racisme tuait en Mauritanie. Une terreur destructrice à tendance génocidaire ciblait les populations négro-africaines livrées à des pogroms, des meurtres de masse. Une vague de répression aveugle sans précédent s’abattit sur elles. Le Colonel Mawiyya Ould Sid’Ahmed Taya est le sinistre chef d’orchestre de cette tragédie macabre. Lui et ses acolytes dont certains, aujourd’hui encore au pouvoir et aux postes de commandement de l’armée mauritanienne n’ont jamais été inquiétés.
A l’occasion du 29ème anniversaire de ces massacres génocidaires commis par le régime raciste mauritanien, flam-mauritanie.org publie ce témoignage que vient de lui accorder Cheikh Fall, un témoin clé de cette folie humaine. Ancien sous-officier de l’armée mauritanienne, Cheikh était en poste au camp de la mort de Jreida où des centaines de soldats, sous-officiers et officiers noirs mauritaniens furent massacrés.
Mamadou Sidy BA, Président des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (Flam)
« La crise post-électorale a prouvé à quel point la xénophobie et le racisme restent enracinés en Mauritanie. »
Pour sa première interview ( 1ère partie) depuis l’ élection présidentielle, M. Mamadou Sidy BA, président des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (Flam), livre à « Rencontre avec… » son appréciation de la situation politique en Mauritanie à travers des thèmes de toute première importance.
Flam-mauritanie.org: C’est votre première interview depuis l’élection présidentielle du 22 juin 2019. Vous ne serez donc pas étonné que la première question porte sur ce sujet. Pourriez-vous nous donner votre lecture des résultats de ce scrutin et nous dire les enseignements principaux que vous en retirez ?
Mamadou Sidy BA: Les résultats sont désormais ce qu’ils sont. Il faudra faire avec. Force est de constater que certaines dérives ont la vie dure et qu’en matière de démocratie on est loin du compte. A toute chose malheur est bon toutefois. Ce qu’on a appelé de manière pudique la crise post- électorale a prouvé s’il en était besoin à quel point la xénophobie et le racisme restent enracinés dans le pays. Il a suffi de peu pour voir renaître le spectre de tragédies qu’on a connues dans une histoire récente. Des pays d’Afrique subsaharienne ont été livrés à la vindicte par le discours officiel et désignés comme fauteurs de troubles.
« Je suis extrêmement choqué par les images publiées ces derniers jours montrant Oumar O/ Boubakar posant fièrement devant les tombes de nos martyrs de Oualata »
A l’occasion du 27ème anniversaire de la mort en détention de nos à martyrs à Oualata, flam-mauritanie.org reçoit Idrissa BA dit Pathé, membre et cofondateur des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM). Aujourd’hui exilé aux USA, Idrissa BA a activement participé à l’édition du «Manifeste du Négro mauritanien opprimé. De la guerre civile à la lutte de libération nationale» publié par les Flam en avril 1986. Un document dans lequel les auteurs dénonçaient la politique de la discrimination raciale et culturelle (notamment par l’arabisation à outrance), la politique d’exclusion ethnique dont la Communauté noire mauritanienne fait l’objet depuis l’indépendance de la Mauritanie en 1960.