Les contre-vérités du colonel Oumar Ould Beibacar : de « Petite notion sur les Flam » à « Deux abus d’autorité/ Moi aussi j’étais à Oualata (7)

Lieutenant Oumar OULD Beibacar, geôlier à la prison mouroir de Walata. Aujourd’hui, Colonel de l’armée mauritanienne à la retraite .

Oumar Ould Beibacar a été très prolixe depuis 2015, (pourquoi ce long silence ?) en nous inondant d’écrits truffés de contre-vérités et de malveillances. Je me suis intéressé à ces écrits du premier au dernier en date.

Je ne peux me retenir de vous faire partager une de ces contradictions sur le « manifeste du négro-mauritanien opprimé… » dans deux (2) de ses textes, le premier et le dernier.

Voici ce qu’il écrivait, à ce propos, dans son premier texte, avec un focus en gras sur les éléments déterminants : « Petite notion sur les FLAM » publié sur Cridem le 19 août 2015 à 13 h14, qui nous faisait découvrir Ould Beibacar :




« L’organisation des Flam, ce mot qui rappelle le feu, et qui a une connotation militaire, puisqu’il veut dire : Forces de Libération Africaines de Mauritanie, est pourtant composée d’un groupe restreint d’intellectuels civils, négro-mauritaniens pacifistes, qui n’ont que leurs plumes et leur courage pour dénoncer l’arbitraire ainsi que les injustices et les discriminations subies par leur communauté.

Cette organisation, qui avait engendré une véritable chasse aux sorcières de la part des services de renseignement de l’Etat qui l’avaient infiltrée, avait été exagérée par le Comité militaire dans le but de culpabiliser, au besoin, l’élite négro-mauritanienne. Qui voulait inquiéter un négro-mauritanien, occuper son poste, son domicile ou bénéficier de son patrimoine, l’accusait d’appartenir à cette organisation.

En 1986, ce groupe avait publié un manifeste, inspiré sans doute par le vingtième anniversaire de la célèbre lettre des 19, qui dénonçait déjà, en 1966, les discriminations flagrantes dont étaient victimes les cadres négro-mauritaniens.

Ce manifeste, qui dénonçait lui aussi, l’ampleur des discriminations du pouvoir « beïdane » avec des statistiques précises, et qui contenait des revendications tout à fait légitimes, avait été distribué au cours du sommet des chefs d’Etat africains en juillet 1986.

Les services secrets du comité militaire s’étaient saisis de ce document afin d’y apporter des modifications diabolisant les Flam, considérées désormais comme de vulgaires racistes, sécessionnistes à la solde du sionisme international et d’un pays voisin. Ce document rectifié constitue l’acte de la naissance officielle de la Poularophobie ».

« … »

« Ce manifeste falsifié du négro-mauritanien opprimé est ainsi devenu le porte malheur pour toute une communauté. C’est lui qui a déclenché la chasse aux toucouleurs, la haine raciste, aidé en cela par la tentative d’octobre 1987, qui a été la goutte qui a fait déborder le vase, bien que n’ayant aucun lien de cause à effet avec les Flam.

C’est ce manifeste retouché par les renseignements généraux, et renforcé par la tentative du coup d’état, qui est à l’origine de la déportation de dizaines de milliers de paisibles citoyens mauritaniens, de l’occupation de la vallée avec son macabre décor et du honteux et abominable génocide. Et ça continue…. Puisse Allah le Tout Puissant arrêter cette malédiction.

L’union pour le meilleur et pour le pire, entre les Flam, auteurs du manifeste de 1986 (33 cadres civils) et les putschistes de 1987 (35 militaires), a été inventée par le CMSN. Et c’est pendant le procès de JREIDA en novembre décembre 1987 que le contrat de mariage forcé a été scellé par ce pouvoir, entre l’aile militaire et l’aile civile des Flam ».

Unies par la foi, par l’histoire, par la géographie, par le sang, par la langue et désormais par un destin commun, ainsi que par les malheurs et les souffrances de leur communauté, l’aile militaire et l’aile civile des Flam ont enfin consommé, dans la plus grande douleur, ce mariage obligé, tant voulu par ce pouvoir d’exception.

Les Flam, ainsi tonifiées par l’aile militaire, et nourries par les politiques d’exclusion et de discrimination du CMSN, qui leur a donné des arguments on ne peut plus solides, pour dénoncer la politique raciste du pouvoir « beïdane », sont devenues, au fil du temps, l’incarnation de la cause des négro-mauritaniens ».

« … »

 Il écrit, à propos de ce texte …, dans sa dernière livraison : « Deux abus d’autorité/ Moi aussi j’étais à Oualata (7) » publié dans Cridem le 1er août 2019 à 12h. 30 :

 « Pendant mon séjour à la prison de Oualata, j’ai abusé deux fois de mon autorité.

« … »

« Les FLAM unissaient quatre ou cinq organisations politiques négro-mauritaniennes dont la plus extrémiste était dirigée par le professeur d’histoire Ibrahima Abou Sall, frère des bâtisseurs Sall Abdoul Aziz, compagnon du Père de la Nation et du commissaire de police Sall Jibril. C’est ce groupe qui serait à l’origine de l’amalgame destructeur des FLAM qui porta un très grand préjudice à toute la communauté peule de Mauritanie.

Mis en minorité, ce groupe aurait décidé de saboter le manifeste des FLAM, signé par la majorité de ses membres et qui n’était qu’une réactualisation du Manifeste des dix-neuf de 1966, dont il fêtait le vingtième anniversaire, en exigeant une solution pacifique. Ces extrémistes vulgarisèrent, parallèlement, leur propre manifeste, avec des idées extrémistes et dangereuses qui irritèrent le pouvoir militaire et provoquèrent la catastrophe.

(…)

Selon les renseignements généraux, le manifeste des extrémistes s’acharnait contre la composante maure qu’il traitait de tous les mots, précisant que les FLAM (Forces de Libération Africaines de Mauritanie) avaient pour vocation la lutte armée pour libérer, par la force des armes, toute la vallée, et y ériger une république nommée Walfogui, autrement dit : la République du Walo, du Fouta et du Guidimakha. Ce sont ces amalgames dangereux qui suscitèrent le courroux de la junte militaire qui les vulgarisèrent cependant, en déclarant à tout bout de champ que FLAM signifiaient forces armées, soutenues par le Sénégal et, éventuellement, d’autres pays africains acharnés à mettre en péril la Nation mauritanienne. C’est cet amalgame qui conduisit, après le procès des FLAM, à la démission de son premier président Ly Jibril Hamet ainsi que plusieurs de ces membres : Ibrahima Moktar Sarr, Abdoulaziz Kane, entre autres ; que le professeur Ibrahima Abou Sall ne portait plus dans son cœur.

L’incrimination de Ten Youssouf Guèye

C’est aussi ce groupe extrémiste qui aurait incriminé Ten Youssouf Guèye, lui qui n’avait jamais été membre des FLAM, en lui demandant d’envoyer une copie du Manifeste au directeur d’un journal sénégalais. Ibrahima Abou Sall fait allusion à cette démarche dans un article intitulé « Mort comme un chien », publié en 2002. Je le cite : « sur la demande d’un de ses proches, Ten Youssouf Guèye avait accepté de sortir, de la Mauritanie, une copie du document pour la remettre au journaliste sénégalais feu Maam Les Jah, à l’époque directeur du journal satirique dakarois, « Le Politicien », qui la fit publier ».

C’est une copie de ce maudit manifeste que la police retrouva, avec Ten Youssouf Guèye, et qu’elle apporta au chef de l’Etat qui s’irrita, après l’avoir lue, par le comportement de son ami qui, selon lui, voulait apparemment provoquer une guerre civile en Mauritanie et, c’est pour cette raison, dit-on, qu’il ne le portait plus dans son cœur. …..

« … »

Ces textes peuvent être consultés dans leur intégralité sur le site Cridem.

A quel moment notre colonel livrait-il la vérité ? dans son premier texte dans lequel il attribue la paternité du faux manifeste aux renseignements généraux, ou dans son dernier texte (pour l’instant) où il donne la paternité de ce manifeste falsifié à l’aile extrémiste dirigée par le professeur Ibrahima Abou Sall ?

 A trop parler, on finit par se contredire, seule la vérité est immuable.

Ce qui est sûr c’est qu’au moment où il écrivait son premier texte, en 2015, il avait une mission connue aujourd’hui et atteinte : infiltrer la mouvance négro-mauritanienne pour continuer sa sale besogne d’agent de renseignement. Il utilisait même le langage des FLAM tant décrié par sa propre communauté en parlant de « politique raciste du pouvoir beïdane ».

Aujourd’hui, il passe à la réalisation de la dernière commande de ses parrains : la destruction de cette belle entente et de ces retrouvailles entre frères d’armes qu’est la Coalition vivre ensemble (CVE). Sous le prétexte de « repentis et de pardons », au travers de règlement de comptes avec ceux qui ont refusé de croire à son galimatias, il monte les uns contre les autres : certains sont présentés comme des infiltrés qui ont vendus leurs amis, d’autres comme des extrémistes à l’origine des répressions qui ont porté préjudice à toute leur communauté.

C’est peut-être le service qu’on lui a demandé pour mériter son évacuation à Paris sur un lit d’hôpital. Il ferait mieux, en bon musulman qu’il est (seul Dieu -PSL- le sait) d’éviter les « shitari », de dire la vérité et de présenter de vrais excuses en demandant un véritable pardon surtout à Djigo Tapsirou et Ba Abdoul Ghoudouss qu’il a laissé mourir sans soins à Oualata, ce dernier avec ses chaînes aux pieds et aux mains alors qu’il était agonisant, pendant qu’il avait le haut commandement sur la prison de Oualata.

Chacun attend son tour pour les retrouver.

C’est le seul moyen de se débarrasser de ce complexe de culpabilité qu’il traîne depuis tant d’années, mais qui n’est pas prêt de le quitter s’il continue dans ses sales besognes.

Malick  DIALLO

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