Le 4 septembre 1986 a débuté une série d’arrestations d’intellectuels et de cadres Noirs mauritaniens qui avaient publié en avril de la même année un document intitulé «Le Manifeste du Négro mauritanien opprimé. De la guerre civile à la lutte de libération nationale».

Un document dans lequel, ils dénonçaient la politique de la discrimination raciale et culturelle en faveur de l’arabisation, la politique d’exclusion ethnique dont leur Communauté noire (Bambara, Fulbe, Sooninko et Wolof) fait l’objet depuis l’indépendance de la Mauritanie en 1960.

Après une véritable parodie de justice, ils furent condamnés à de lourdes peines allant de 5 à 10 ans de prison ferme avec amende, déchéance des droits civiques et politiques et interdiction de séjour dans toutes les régions administratives, sauf dans le sud, et ceci pendant 10 ans.

A partir de la fin de 1987, leur vie carcérale prend une tournure encore plus pénible avec l’inauguration de la nouvelle politique d’épuration ethnique au sein de l’armée et dans l’administration publique. Elle fut déclenchée à partir des arrestations de militaires négro-africains accusés d’avoir organisé un complot contre la Sûreté de l’Etat.

Trois peines capitales furent prononcées le 3 décembre 1987 contre les lieutenants Seydi BAH, Amadou SARR et Saydou SIH. La sentence fut exécutée le 6. Trente-sept officiers, sous-officiers et hommes de troupes furent condamnés à des peines allant de 5 ans à la perpétuité. Plus de mille militaires, gendarmes et gardes nationaux furent renvoyés de leurs corps respectifs et assignés à résidence dans leurs villages d’origine.

Accusés d’être la conscience politique et les instigateurs de cette prétendue tentative de putsch, ils furent transférés trois jours après les exécutions des trois officiers halpular et incarcérés avec les nouveaux condamnés, dans un ancien fort colonial situé en plein désert, dans l’Est de la Mauritanie, à mille cent kilomètres de Nouakchott, plus précisément à Walata.

Cette localité reste et restera dans la conscience collective de tous les Mauritaniens épris de justice et de tolérance comme une marque indélébile : Walata fut un mouroir et un centre d’expérimentation de tortures collectives contre la classe politique négro-africaine de Mauritanie.

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