Les discriminations visant les communautés négro-africaines de Mauritanie ne sont pas nouvelles. Socle du système politique, elles sont multiformes et revêtent un caractère systémique. Tous les segments de la vie publique sont touchés. Les changements de régimes ne font que les exacerber. Le pouvoir du Général Ghazouani accentue cruellement la pente observée depuis de nombreuses années. Comme le Manifeste de 1986 l’avait démontré, une action planifiée d’épuration de l’administration et de tous les rouages de l’Etat des citoyens négro-africains est en cours.
La politique d’arabisation systématique, instrument pervers de sélection et, surtout, d’exclusion sert de levier à l’œuvre de « blanchiment» de la fonction publique. Le secteur privé, exclusivement aux mains de la communauté arabe blanche n’est pas en reste. Aucun domaine n’échappe au « nettoyage ». Comme Chef d’état-major des armées, l’actuel Chef de l’Etat s’était employé à vider cette institution de toute sa composante négro-africaine. Résultat : l’armée mauritanienne est aujourd’hui, plus que jamais, une institution archi ethnicisée. Ce qui est particulièrement vrai de la hiérarchie. Il suffit de comparer le nombre de généraux arabes avec celui, ridiculement bas, des Négro-africains. L’administration territoriale est un laboratoire du « blanchiment ». Au nom d’une prétendue intégration nationale mais, à sens unique, les collectivités du Sud, peuplé majoritairement de Négro-africains, sont administrées par des cadres arabes se conduisant comme les gouverneurs coloniaux d’antan, ignorant et ne faisant aucun effort pour connaître les traditions et cultures de leurs administrés. A commencer par leurs langues. Le cadre diplomatique est une illustration supplémentaire de la volonté affichée de repeindre la Mauritanie en pays exclusivement arabe et ce, au prix de la négation de ses composantes négro-africaines. Ce n’est pas un hasard si un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères a courageusement crié au « carnage » à l’occasion d’une « réorganisation» récente des services de ce ministère. En fait de réorganisation, il s’agit surtout d’une vague de rétrogradations voire d’évictions aussi injustifiées que dégradantes de cadres appartenant tous à la même communauté ethnique auxquels pourtant rien n’est reproché dans leur manière de servir. La seule raison est de les reléguer sous l’autorité de « collègues » arabes ni plus expérimentés ni plus compétents. Ce management par l’humiliation poursuit un objectif inavoué mais lisible : exaspérer ceux qui en sont les victimes pour les forcer à déguerpir. Nous croyions avoir touché le fond mais, visiblement, le pire n’est jamais sûr. La donne, désormais limpide, repose sur deux principes simples et connectés : ne plus recruter de Négro-africains et tout entreprendre pour évincer ceux qui sont en poste en les harcelant et en les humiliant. Mais c’est compter sans la résilience et la résistance des victimes. A cet égard, on ne saluera jamais assez le courage du jeune cadre négro-africain qui a choisi de mettre en péril sa carrière et, qui sait, sa liberté, pour dénoncer la ségrégation administrative infligée à ses
collègues et ce, alors même qu’il était relativement épargné. Notre devoir est de le soutenir et de le protéger. Nous y veillerons. Au-delà, notre combat est d’arrêter l’épuration en cours depuis des décennies. Ce combat doit être le combat de tous. Halte aux discriminations. Agissons pour les faire cesser.
Le 19 mai 2020
Département – communication
Forces de Libération Africaines de Mauritanie (Flam)