« Le 4 janvier 1966, les élèves noirs des lycées de Nouakchott et de Rosso ont déclenché une grève qu’ils déclarent illimitée en vue de faire supprimer la mesure rendant obligatoire la langue Arabe dans l’enseignement du Second Degré ».
Le Conseil des Ministres du 13 janvier 1966 décida de la suspension et du déclenchement de poursuites judiciaires contre les 19 signataires du Manifeste.Ils sont tous arrêtés le 11 février 1966. Il s’agit de :
Ba Abdoul Aziz, Magistrat
Ba Ibrahima, Ingénieur géomètre
Ba Mohamed Abdallahi, Instituteur
Bal Mohamed El Habib, Ingénieur des Eaux et Forêts
Daffa Bakary, Ingénieur des TP
Diop Abdoul Bocar, Commis comptable
Diop Mamadou Amadou, Professeur
Kane Bouna, Instituteur
Koïta Fodié, ingénieur des TP et bâtiments
Seck Demba, Instituteur
Sow Abdoulaye, Inspecteur de Trésor
Sy Abdoul Idy, Statisticien
Sy Satigui Oumar Hamady, Instituteur
Traoré Souleymane dit Jiddou, Instituteur
Bal Mohamed El Bachir, Administrateur
Ba Aly Kalidou, Inspecteur de Trésor
Ba Mamadou Nalla, Instituteur
Traoré Djibril, Instituteur
Coulibaly Bakary, Instituteur
Les faits
La rentrée scolaire d’octobre 1965 s’effectue dans un climat très tendu ; le 4 janvier 1966, la totalité des élèves noirs des lycées de Nouakchott et de Rosso se mettent en grève qu’ils déclarent illimitée. Ils réclament la suppression du décret d’application de la Loi du 30 janvier 1965 rendant obligatoire l’enseignement de la langue arabe dans le secondaire. Cette crispation autour de la querelle linguistique, datant de la période coloniale, est perceptible dans la lettre de Oumar Satigui Sy, datée du 10 juin 1965, adressée à Mohameden Ould Babah professeur d’arabe. Il reproche à Ould Babah d’avoir déclaré lors de la distribution des prix au lycée de Nouakchott ceci « … La Mauritanie, socialement, culturellement, politiquement ne trouve sa raison d’être que dans l’économie du mot « arabe ». Après avoir rappelé la nécessité de préserver la spécificité des diverses communautés, Oumar Satigui Sy conclut sa lettre en ces termes « …Aucune d’entre elles ne pourra assujettir l’autre » (source : Le Monde, 17 février 1966, page 6).
Ce mouvement de contestation scolaire trouve rapidement un écho favorable auprès de nombreux hauts cadres originaires de la vallée. Le 6 janvier, par solidarité, dix-neuf d’entre eux apportent leur soutien à la revendication de ces élèves et posent le problème de la cohabitation nationale : ils publient le Manifeste des 19. Le même jour, la grève s’étend à Kaédi. Des bancs de l’école, la contestation se propage à la fonction publique et le 8 janvier, 31 fonctionnaires noirs de Nouakchott se solidarisent des grévistes et approuvent le Manifeste des 19. A Dakar, des étudiants et stagiaires mauritaniens mettent à sac les locaux de leur ambassade et se déclarent solidaires du Manifeste des 19 dans une lettre adressée au président Moctar Ould Daddah. Certains milieux maures réagissent à ce qu’ils considèrent comme une provocation et demandent que des sanctions fortes soient prises contre les signataires de ce Manifeste. « Le président de la République est accusé de se dérober devant ses responsabilités de gardien de la légalité et de la Constitution », selon eux.
Pour contenir la contestation, les élèves du secondaire furent mis en vacances du 19 janvier au 4 février inclus.
Une « commission nationale d’étude » pour trouver un compromis acceptable pour les deux parties est créée le 31 janvier 1966. Elle est composée de dix membres, cinq maures et cinq noirs. Les intérêts de la communauté maure sont défendus, entre autres, par des négociateurs intransigeants dont Ahmedou Ould Babana champion de l’arabisme en Mauritanie, et ceux de la communauté noire par Mame Diack Seck averti des problèmes de l’enseignement, et Docteur Bocar Alpha Ba, ancien ministre et un des chefs de file du mouvement revendificatif. Cette commission s’est réunie pour la première fois le 2 février en présence de Moctar Ould Daddah.
Mais à la rentrée scolaire, des bagarres éclatèrent le 8 février au lycée national de Nouakchott entre élèves noirs et maures et dans la nuit un tract invitant les élèves maures à la confrontation et à la scission de la Mauritanie fut diffusé. Dans ce tract, on pouvait lire « Scission complète, immédiate et définitive de deux ethnies » et il se termine par ces formules « Vive la République Arabe de Mauritanie, vive le Maroc » (source : Documents Diplomatiques Français 1966 Tome (1 janvier – 31 mai 1966),n° 103/DAM215 février 1966, page 296).Le lendemain, des affrontements opposent les deux communautés dans divers quartiers de Nouakchott, le bilan officiel, sans doute minoré, fait état de 6 morts et 70 blessés. Selon tous les témoignages corroborés par des documents d’archives, des Haratines furent utilisés comme « bras armés », un scénario qui se reproduira lors des événements de 1989. La Mauritanie venait de connaitre sa première grave crise intérieure.
Le Président Moctar Ould Daddah rapporte dans ses mémoires que la France par la voix de son Ambassadeur, Jean – François Deniau, était prête « à nous envoyer,à partir de la base de Dakar, des éléments de troupes pour nous aider à rétablir l’ordre » mais qu’il déclina l’offre et prit les mesures suivantes : la fermeture de tous les établissements secondaires, l’envoi de renforts à Aïoun et Kaédi, la supervision des émissions de Radio Mauritanie, l’instauration d’un couvre – feu, de 18 heures 30 à 07 heures à Nouakchott et l’arrestation des 19 signataires du Manifeste le 11 février (voir photo ci-dessous).
Le Conseil des Ministres du 13 janvier 1966 décida de la suspension et du déclenchement de poursuites judiciaires contre les 19 signataires du Manifeste. Ils sont tous arrêtés le 11 février 1966.
Le même jour, le président Sékou Touré en « proie à la question peule » envoie une délégation pour assurer le gouvernement mauritanien de la compréhension et du soutien de la Guinée. Cette délégation conduite par El Hadji Makassouba Moriba, secrétaire d’Etat, accompagné de Tibou Tounkara, ancien ambassadeur en Mauritanie, suggéra aux « autorités de Nouakchott de rejeter la responsabillité des incidents sur les impérialistes et les néo – colonialistes ».
Le Manifeste des 19
Le 4 janvier 1966, les élèves noirs des lycées de Nouakchott ont déclenché une grève qu’ils déclarent illimitée en vue de faire supprimer la mesure rendant obligatoire la langue Arabe dans l’enseignement du Second Degré.
Cette action énergique ne fait que révéler un malaise profond et latent, car il est notoire que l’étude obligatoire de la langue Arabe est pour les Noirs une oppression culturelle. Cette mesure constitue un handicap certain à tous les examens pour les élèves Noirs qui, de façon consciente ont toujours repoussé l’étude de la langue Arabe qu’ils savent un frein à leur développement culturel et scientifique et contre leurs intérêts. C’est ainsi qu’au Lycée de Rosso, des élèves Noirs ayant obtenu la moyenne dans l’ensemble des disciplines, ont eu à redoubler pour n’avoir pas eu la moyenne en Arabe.
Il parait paraitre étonnant qu’aucune voix ne se soit élevée parmi l’élite et les Responsables Noirs, pour protester contre une décision qui fausse déjà l’égalité des citoyens et cela dans un domaine aussi essentiel que l’éducation.
C’est pourquoi, Nous citoyens mauritaniens à part entière soussignés, déclarons appuyer fermement et sans réserve l’action des élèves. Nous entendons dès cet instant reconsidérer les bases de la coexistence entre communauté Noire et communauté Blanche ; car à l’heure actuelle, nous assistons à l’accaparement total de tous les secteurs de la vie nationale par l’ethnie maure. A l’appui de cette thèse, voici des faits patents qui révèlent la gravité de cette situation. Dès l’accession de la Mauritanie à l’autonomie interne, le régime mis en place s’empresse de créer le mythe d’une prétendue majorité à 80% Maure. Le mythe du quart était né et règle depuis lors les dosages au niveau de toutes les instances politiques et administratives. C’est ainsi qu’au Gouvernement, il y a deux Ministres Noirs sur 9, au Bureau Politique National, trois Noirs sur 13 Membres, à l’Assemblée Nationale, 10 Députés Noirs sur 40. Ceci étant la vie politico – administrative ne pouvait être que le fidèle reflet de la situation au sommet. Il est remarquable que les postes de Président de la République, Chef du Gouvernement, de Ministre de la Défense Nationale, des Affaires Etrangères, de Secrétariat Général aux Affaires Etrangères, de Ministre de la Justice, de l’Intérieur, de Directeur de la Radiodiffusion, et des Forces de Police, de Directeur de l’information, de Directeur de l’enseignement, de Directeur Général du Plan, de la Fonction Publique et de Président de la Cour Suprême, etc, sont concentrés selon une règle inavouée mais systématique entre les mains de l’ethnie Maure.
Il est à constater par ailleurs que sur 12 Cercles du pays du pays, un seul est placé sous la responsabilité d’un Administrateur Noir et sur près de trente Subdivisons, 7 seulement sont sous la responsabilité de fonctionnaires Noirs
- que des cadres Noirs sous – employés végètent tandis que des traitres à la Nation, condamnés, se trouvent régulièrement engagés à des postes de choix dans la fonction Publique.
- Que dans la Mauritanie du Sud exclusivement Noire, tous les Commandants de Cercles, les Chefs de Subdivision, les Chefs de Postes Administratifs, les Commissaires de Police exception faite pour Rosso, les Juges, les Chefs de Brigade de Gendarmerie, et même les Maires – délégués sont tous maures.
- que la présence dans cette partie du pays de ces détenteurs de l’autorité se traduit par des actes infâmes d’’asservissement, d’humiliation, d’oppression commis à l’endroit des populations Noires honnêtes, loyales, courageuses et laborieuses.
- Que leurs agissements par leur manque de respect pour les traditions, mœurs, bien fonciers, valeurs spirituelles, sèment la panique, la désolation et l’amertume parmi les populations Noires exaspérées et au bord de la révolte. L’exemple de SASS OULD GUIG à l’égard des Peulhs de KAEDI est assez édifiant : Ce responsable s’est permis de faire arrêter, battre, torturer lâchement, humilier, emprisonner de paisibles Peulhs dont le seul crime fut le désir de créer une coopérative conformément aux nécessités de développement.
- qu’à Rosso, un découpage administratif insidieux vient d’isoler et de rattacher tout le canton de TEKANE exclusivement Noir à la nouvelle Subdivision de RKIZ exclusivement maure.
- que quinze gendarmes Noirs valides viennent d’être mis prématurément à la retraite sans pension
- que dans les rangs des goums de la garde nationale, de la gendarmerie, de l’armée, de la police où naguère les Noirs dominaient en nombre, la valeur et la vocation étant les seuls critères, la proportion des Noirs de 90% qu’elle était, est retombée à près de 25%
- que les Noirs arabisants ne se recrutent qu’à 10% parmi les enseignants mauritaniens arabisants, parce que le régime ferme aux plus doués d’entre eux les portes du succès ; aux examens, les commissions de correction recrutées dans l’ethnie maure, veillent à ce qu’il en soit ainsi
- que le recrutement à l’Institut des Etudes Islamiques de Boutilimit accorde aux élèves Noirs 5% des effectifs
- que les Noirs arabisants ne comptent aucun Inspecteur primaire arabisant alors qu’ils disposent de cadres au moins, aussi instruits, aussi cultivés et aussi capables que les cadres maures arabisants
- que les cinquante bourses mises à la disposition de la Mauritanie par le Koweït, reparties sans l’avis d’aucune commission, sept seulement furent attribuées aux candidats Noirs
- que le régime a toujours travaillé pour qu’à l’extérieur, la Mauritanie apparaisse comme un pays essentiellement maure
- dans cette optique, le Chef de l’Etat lui-même prend soin de toujours souligner à l’extérieur « que la Mauritanie en majorité arabe compte une minorité d’origine africaine (discours de Bizerte) » comme si cette prétendue minorité était là par accident de l’histoire, alors que l’accident de l’histoire ce sont bien les invasions berbères
- qu’à Nouakchott où les citoyens Noirs sont au moins aussi nombreux que les maures, le Conseil Municipal compte quatre Noirs sur vingt-deux membres
Il est à souligner par ailleurs que simultanément au désir exprimé par les maures de voir officialiser la langue Arabe, la communauté Noire exige que lui soient consenties des garanties concrètes et absolues contre toute assimilation que les responsabilités nationales soient partagées et que la Constitution soit révisée dans un sens FEDERAL (Congrès 1961 et 1963). Mais le régime politique en place, peu après avoir muselé certains porte – paroles Noirs, s’est ménagé l’officialisation de la langue Arabe dont la première étape est cette mesure rendant l’Arabe obligatoire dans le Premier et le Second Degrés, cependant qu’il étouffe les revendications fondamentales de la Communauté Noire.
Les maures savent qu’avec l’arabisation à outrance, le pays va à l’échec, mais ils y tiennent tout de même, animés qu’ils sont par un complexe d’infériorité devant la supériorité qualitative et quantitative des cadres Noirs, et poussés par le désir ardent de couper la communauté noire de l’ensemble négro – africain et à réaliser ainsi l’assimilation des Noirs à leur mode de vie et de penser.
Ainsi le bilinguisme n’est qu’une trahison à l’endroit des Noirs, car il tend à les écarter de l’ensemble des affaires de l’Etat.
Toute cette situation se traduit par un marasme général qui affecte tous les rapports entre citoyens Noirs et maures. En effet, la jeunesse du pays, future relève, se trouve profondément divisée : A Dakar, à Paris, au Caire et dans les autres centres universitaires, les groupes d’étudiants Noirs et groupes d’étudiants maures sont à couteaux tirés ; dans tous les établissements du Second Degré, la scission est consommée entre élèves Noirs et élèves maures.
Considérant que les membres de la communauté noire sont irréversiblement engagés à recouvrer intégralement leur liberté et leur dignité, à choisir librement une culture et un mode de vie conformes à leur civilisation négro – africaine, à leurs aspirations au progrès, au développement harmonieux de l’homme, et convaincus que l’obstination du régime dans sa politique aboutira fatalement au chaos et à la guerre civile,
NOUS, SOUSSIGNES,
– Déclarons être hostiles à la mesure rendant l’arabe obligatoire dans les enseignements primaires et secondaires
- Engageons le combat pour détruire toute tentative d’oppression culturelle et pour barrer la route à l’arabisation à outrance
- Exigeons l’abrogation pure et simple des dispositions des Lois 65.025 et 65.026 du 30 janvier 1965 rendant l’arabe obligatoire dans les 1er et 2nd degrés et qui ne tiennent aucunement compte des réalités Mauritaniennes
- Rejetons un bilinguisme qui n’est qu’une supercherie, une trahison permettant d’écarter les citoyens Noirs de toutes les affaires de l’Etat
- Dénonçons la discrimination raciale, l’illégalité, l’injustice et l’arbitraire que pratique le régime en place
- Dénonçons toute confusion visant à noyer un problème à tendance politique (Arabe) sous l’optique religieux (Islam)
- Nions l’existence d’une majorité maure car les proportions proclamées sont fabriquées pour soutenir le régime dans l’application intégrale de sa politique de médiocrité déjà entamée à l’endroit de la communauté noire
- Exigeons le remplacement immédiat de tous les Commandants de Cercles, et Adjoints, des Chefs de Subdivisions, des Chefs de postes administratifs, des Commissaires de Police, des Commandants de Gendarmerie, des Juges et Maires – délégués, tous maures, se trouvant dans la Mauritanie du Sud par des Administrateurs et fonctionnaires Noirs, seuls soucieux du développement de cette partie du pays et respectueux des populations et de toutes leurs valeurs
- Exigeons le placement immédiat de tous les cadres noirs sous employés dans les situations conformes à leurs diplômes et références
Sommes prêts à rencontrer le Président de la République, le Président de l’Assemblée Nationale, le Président du Groupe Parlementaire
Mettons en garde tout responsable Noir contre une éventuelle prise de position susceptible de léser les intérêts de la communauté noire
- Jurons sur notre honneur de ne jamais transiger ni avec le devoir, ni avec la conscience, de ne jamais nous départir de nos positions justes et honnêtes, de nous maintenir dans ces positions jusqu’à la disparition totale de toute tyrannie, domination et oppression exercées sur la Communauté noire et jusqu’à ce que tout citoyen noir vive libre, digne et heureux en Mauritanie.
Les 19 signataires :
Ba Abdoul Aziz, Magistrat
Ba Ibrahima, Ingénieur géomètre
Ba Mohamed Abdallahi, Instituteur
Bal Mohamed El Habib, Ingénieur des Eaux et Forêts
Daffa Bakary, Ingénieur des TP
Diop Abdoul Bocar, Commis comptable
Diop Mamadou Amadou, Professeur
Kane Bouna, Instituteur
Koïta Fodié, ingénieur des TP et bâtiments
Seck Demba, Instituteur
Sow Abdoulaye, Inspecteur de Trésor
Sy Abdoul Idy, Statisticien
Sy Satigui Oumar Hamady, Instituteur
Traoré Souleymane dit Jiddou, Instituteur
Bal Mohamed El Bachir, Administrateur
Ba Aly Kalidou, Inspecteur de Trésor
Ba Mamadou Nalla, Instituteur
Traoré Djibril, Instituteur
Coulibaly Bakary, Instituteur
Quelles leçons pour nous ?
Cinquante deux ans plus tard, que sont devenus les visionnaires auteurs du Manifeste des 19? Qu’avons-nous fait de leur héritage ? Faut – il les oublier ? Evidement, non. Mohamed Ould Cheikh, qui a publié en 1974 un ouvrage sous le pseudonyme de Hamid El Mauritani, pointe la responsabilité du pouvoir et l’accuse d’avoir participé de façon active aux tragiques événements de 1966. Pour lui, la répression et la suspension les 19 fonctionnaires noirs, ne participaient pas à l’apaisement « alors que la nature même du problème exigeait le dialogue » (cité par J-L Balans dans son livre intitulé Le développement du pouvoir en Mauritanie, page 568). Il est vrai que le président Moctar Ould Daddah s’était appuyé sur des éléments d’une jeunesse nationaliste, pro – arabe de la mouvance de la Nahda et de l’Association de la Jeunesse Mauritanienne et plus largement, il s’agissait de rattraper l’avance prise par les noirs « sur scolarisés et surreprésentés » dans la fonction publique.
En 2018, cinquante deux ans après la diffusion du Manifeste des 19, les mauritaniens devraient faire une introspection, un état des lieux de la question nationale pour construire un destin commun. Faute d’avoir pu empêcher se produire le génocide (1989 – 1992), nous n’avons pas le droit de laisser le pouvoir nous conduire vers un chaos programmé. Si notre pays donne l’impression de ne pas savoir où il va depuis son accession à la souveraineté internationale, il y va en courant à grande vitesse.
Pour le sauver, nous avons besoin d’une radiothérapie politique, probablement à fortes doses de radiation, pour détruire les cellules mangeuses de la diversité. La Mauritanie doit se réconcilier avec sa géographie et son histoire faite de différences, de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes en apparence, mais qu’il faut administrer harmonieusement selon un principe d’égalité effective.
N’oublions pas les 19 et inscrivons leurs noms dans la mémoire collective de nos concitoyens. Célébrons ceux qui sont en vie. Prions pour les disparus. N’oublions pas ceux, dont les noms n’apparaissent pas ici mais, qui étaient dans le cercle élargi.
Ciré Ba et Boubacar Diagana
Paris, le 11 février 2018.