L’histoire de la Mauritanie est marquée par le racisme et le chauvinisme des Arabes bîdhânes, et par l’esclavage des Noirs qui y est encore pratiqué.
La Mauritanie est un pays biracial et multiethnique composée de :
* Les Bamana, les Fulɓe, les Sooninko et les Wolof, populations que l’on retrouve aussi dans les autres pays de l’Afrique de l’ouest et du Centre
* Les Arabes Bîdhân (terme arabe, l’bial, signifiant « Blancs » et par lequel se désignent eux-mêmes, les leucodermes, de Culture arabo-berbère en Mauritanie, par opposition aux « Noirs » désignés sous les vocables racistes de « Soudân » ou « Kwar » dérivé de « kafr »).
* Les H’râtîn (descendants d’esclaves Noirs) et les Abîd (esclaves Noirs) qui sont assimilés culturellement par leurs propriétaires arabo-berbères.
Depuis 1958, en accord avec l’administration coloniale française qui s’était toujours distinguée par ses comportements racistes anti-Noirs et pro arabo-berbère bîdhân, tous les pouvoirs dans ce pays ont été concentrés entre les mains des seuls Bîdhân arabo-berbères. Depuis cette époque, toute contestation venant des Noirs en faveur de leurs droits en tant qu’êtres humains et citoyens a été réprimée dans le sang et par des déportations vers le Sénégal et la Mali.
En Mauritanie, du point de vue de la construction historico-idéologique du régime arabe, le pays fait, en effet, partie intégrante de «l’espace arabe» dont les territoires auraient été envahis par des populations africaines d’origine à la faveur de la colonisation européenne ; d’où la thèse de la «Terra nullis» qui veut que les territoires qui forment aujourd’hui ce pays étaient vides de peuplements humains avant l’invasion des Beni Hassan, à la fin du XVIè siècle et au début du XVIIè. Dans son numéro 129 du mois d’avril 1969, le mensuel Watan al Arabi développait des théories sur la pureté raciale de l’«espace mauritanien» dans lequel ne doit vivre que l’homo mauritanicus identifié à l’Arabo-bîdhân. Des photos d’Arabo-bîdhân (hommes «blancs») et de Bîdâniya (femmes «blanches») sont reproduites dans ce numéro avec des légendes qui précisent que ces femmes et ces hommes «blancs» représentent l’«authentique» population de la Mauritanie à vocation «arabe blanche» et « musulmane ». Toujours dans le même numéro, sont publiées aussi des photos de pirogues remplies de Noirs qui circulent d’une rive à l’autre du fleuve Sénégal. Leur fleuve qui fait partie de leurs territoires que ces populations africaines noires occupent en tout cas des siècles avant l’ère chrétienne (l’archéologie le prouve bien en tout cas), donc 7 siècles avant même la création de l’islam, une religion qui a été le prétexte des Arabo-musulmans pour envahir le continent africain (640 ap. JC.) et une partie du reste du monde.
On lance alors un appel pour demander de l’aide au nationalisme arabe afin que la «pureté arabe» de ce morceau de la prétendue «patrie arabe» (Watan al Arabi), la Mauritanie, soit sauvegardée face à cette «al ihtilal al zounji» («invasion noire». La Mauritanie est assimilée aujourd’hui à la Palestine ; d’où son appellation de «Seconde Palestine». Les prétendus Arabes de ce pays, sont désignés par cette idéologie sous le vocable de «Palestiniens de Mauritanie». Les Noirs non arabes de Mauritanie, quant à eux, sont assimilés à des juifs dont il faudrait débarrasser le pays en les refoulant sur la rive gauche du fleuve Sénégal, comme il faudrait, clament-ils, se débarrasser des juifs vivant en Israël.
¤ février-mars 1966, suite à la publication du « Manifeste des 19 » (tous des cadres Noirs Bamana, Fulɓe, Sooninko, Wolof) dénonçant le racisme et le chauvinisme arabes bîdhânes à travers le renforcement de la langue arabe (lois 65 025 et 65 026 de janvier 1965) dans le système éducatif dont l’objectif était de favoriser l’arabisation du pays et la position sociopolitique et culturelle des Arabes Bîdhân, le premier président Moktar Ould Daddah (1960-1978) fit arrêter et torturer plusieurs cadres noirs. Alors éclatent des émeutes à Nouakchott (la capitale du pays) où des Noirs (Bamana, Fulɓe, Sooninko, Wolof,) furent massacrés par le régime du Système Arabe Bîdhân (S.A.B.)
¤ 1979, après plusieurs réformes renforçant l’arabisation du pays, le président Mohamed Khouna Ould Haydallah (1979-1984), promulgua la circulaire 02-1979 pour augmenter les coefficients, donc le poids de cette langue dans le système éducatif mauritanien et dans les concours d’entrée dans la Fonction publique. Les langues africaines (bamana, Pulaar ou Fulfulde, sooninke, wolof) sont méprisées. Comme dans d’autres régions de l’Afrique envahies par les Arabes Bîdhân, en Mauritanie aussi, leurs descendants continuent d’afficher du mépris vis-à-vis des Noirs et de leurs cultures. Lors de sa visite en 1983 en Mauritanie, le président de Libye, le Colonel Khadafi avait prononcé cette sentence : favoriser l’arabisation du pays comme dans le reste de l’Afrique et combattre ces langues africaines qui ne sont que des langues d’oiseau. Propos qu’il confirma lors du Festival panafricain de la jeunesse à Tripoli dans le courant du mois d’août de la même année
* 1981 (ordonnance N°81 234 du 9 novembre), une loi d’abolition de l’esclavage en Mauritanie a été promulguée, suite à l’émoi qui avait entouré l’arrestation puis l’incarcération des cadres H’râtîn qui militaient pour l’abolition effective de l’esclavage. Cette loi n’a jamais été suivie d’effets probants, en ce qu’elle a permis d’indemniser non pas les esclaves, mais, les propriétaires d’esclaves (comme aux Antilles dites françaises en 1849). Mais en Mauritanie, la pratique de l’esclavage des Noirs est encore une réalité au quotidien. On vend, on échange et on hérite de ses esclaves (Voir Sos-Esclaves de Mauritanie et Anti-Slavery de Londres)
¤ Entre 1981 et 1985, plusieurs lois portant réformes des lois foncières et domaniales ont été promulguées en Mauritanie. Ces lois n’ont eu comme objectifs que l’expropriation des terres des paysans Noirs (Bamana, Fulɓe, Sooninko et Wolof,) de la vallée du Sénégal pour les remettre aux familles Arabes Bîdhân qui sont en train d’envahir la vallée du Sénégal ;
¤ 1986, publication puis diffusion d’un diagnostic socio-politique intitulé « Manifeste du Négro mauritanien opprimé. De la guerre civile à la lutte de libération nationale février 1966 –février 1986 » par les Forces de Libération des Africains de Mauritanie (F.L.A.M.). Cette diffusion donna au Système Arabe Bîdhân (S.A.B.) raciste une nouvelle opportunité pour arrêter des centaines de cadres Noirs de Mauritanie (exclusivement des Bamana, des Fulɓe, des Sooninko et des Wolof). Plusieurs d’entre eux y laisseront leurs vies suite à des tortures
¤ 1987, accusés d’avoir attenté à la Sûreté de l’Etat, des milliers de militaires Noirs (toujours exclusivement des Bamana, des Fulɓe, des Sooninko et des Wolof) furent arrêtés et torturés entre septembre et novembre 1987. Suite à un simulacre de procès, trois d’entre eux furent exécutés le 6 décembre de la même année, dans une base militaire à 70km de Nouakchott, après avoir subi des tortures ;
¤ 1989, suite à un banal conflit entre paysans sénégalais et éleveurs mauritaniens, la Mauritanie profita de cet incident qui était devenu pourtant banal depuis la création de cette frontière artificielle entre les deux colonies créées artificiellement par le colonialisme français en avril 1904 pour organiser le plus grand pogrom de son histoire. Près de 200.000 (toujours exclusivement des Bamana, des Fulɓe, des Sooninko et des Wolof) furent déportés vers le Sénégal et le Mali, après avoir été dépouillés de tous leurs biens (villages entiers, champs, bétail, maisons). Des milliers de personnes ont été froidement exécutées ou noyées dans le fleuve Sénégal. Des femmes furent violées, d’autres furent obligées de regarder comment on brûlait leurs bébés. Pour humilier les familles, on trouva des femmes décapitées, leurs seins coupées. Des femmes furent enterrées sans leurs têtes, sans leurs seins. Jusqu’à aujourd’hui, les familles déportées vivent dans des camps de déportation au Sénégal et au Mali. D’autres sont en exil dans le reste de l’Afrique subsaharienne, en Europe de l’Ouest et en Amérique du nord.
Depuis décembre 1995, sous la pression de l’Etat arabe de la Mauritanie qui est toujours soutenu par la France, le Haut Commissariat aux réfugiés (H.C.R.) a retiré tout soutien humanitaire en leur faveur.
¤ Entre octobre 1990 et janvier 1991, près de 3000 militaires, gendarmes, douaniers et des civils ont été arrêtés, torturés dans les geôles de Maouya Ould Taya et d’Ely Ould Mohamed VALL (Il fut reçu, avec les honneurs, le 27 septembre à l’Elysée par le Président de la République française, Jacques Chirac qui l’a qualifié de démocrate et d’homme sensible aux droits humains). Castration, massacres par écartèlement, enterrement pendant qu’ils étaient vivants, brûlure, exécution sommaires, pendaison, etc. furent ce qu’ils subirent. Et c’est le chef suprême de l’Etat français qui qualifie cet homme de « (…) démocrate et d’homme sensible aux droits humains ». Pour lui donc, les Noirs ne sont pas des êtres humains. Il affiche donc les propos de l’administration coloniale vis-à-vis des Noirs ?
Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, au camp militaire d’Inal, l’élite militaire arabe Bîdhân fit pendre 28 Noirs (toujours exclusivement des Bamana, des Fulɓe, des Sooninko et des Wolof) pour commémorer le trentième anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie. Les initiateurs de ces pendaisons ont assimilé celles-ci à la cérémonie religieuse musulmane, l’aïdal Adhâ (le sacrifice du mouton). Pour les Arabes Bîdhân, les Noirs sont des sous-êtres humains.
¤ En mars 1991, ce sont 516 militaires Noirs qui manqueront à l’appel lors de la libération des camps mouroirs de l’intérieur de la Mauritanie, sous la pression de l’opinion internationale. 15 ans après, aucun des corps n’a été restitué afin de permettre aux familles éplorées Bamana, Fulɓe, Sooninko et Wolof de Mauritanie de faire le deuil. Aujourd’hui comme hier et avant-hier, tout peuple africain d’origine qui conteste l’hégémonie arabe destructrice est massacré dans le silence (« Mais, vous voyez bien ce ne sont pas des Humains que nous massacrons, mais des Kuffar, des Zundji, des Aswad, des Nègres » disent-ils à leurs alliés traditionnels).
En Mauritanie, aujourd’hui encore plus que dans les années précédentes, la marginalisation des Noirs victimes du chauvinisme et du racisme des Arabes Bîdhân est un fait avéré. Une pratique institutionnalisée. Les rares Bamana, Fulɓe, Sooninko, Wolof qu’on retrouve dans l’Administration ne sont que des figurants, des exécutants. Des Noirs qui ne remettent jamais en cause le chauvinisme et le racisme arabe bîdhân. Des Gatsha Buthelezi[i] à la mauritanienne.
Les régions d’origine des Bamana, des Fulɓe, des Sooninko, des Wolof vivent aujourd’hui dans un état de siège angoissant et permanent ; un état de siège qui ne dit pas son nom. Certains de leurs villages, après avoir été vidés de leurs populations autochtones ont été rebaptisés avec des noms arabes : Bagdad, Basra, etc. Des terres de cultures et de pâturage sont de plus en plus confisquées au bénéfice des tribus arabes bîdhân.
Les régions d’Afrique du Nord-Est, du Nord et du Nord-ouest ont été envahies au cours des siècles par des Arabo-musulmans et arabisées. Face à la frilosité et au complexe affiché des populations noires culturellement aliénées par l’islamisation et corrompues économiquement, cette logique impérialiste arabo-musulmane s’installe impunément aujourd’hui dans d’autres parties de l’Afrique : Afrique de l’Ouest (Mauritanie) et vise d’autres (Mali, Niger, Tchad, République Centre africaine), avec la complicité de l’Europe de l’Ouest, (particulièrement la France qui est convaincue que la Mauritanie est un pays arabe et qu’elle ne peut être dirigée que par les Arabes de ce pays).
Aujourd’hui, cette partie de l’Afrique est transformée en champs de bataille à cause de cette politique chauvine et raciste des Arabes Bîdhân contre les Noirs d’Afrique. Une généralisation des affrontements sera dans la logique des choses.
[i] Mangosuthu (« Gatsha ») Buthelezi (né le 27 août 1928 à Mahlabathini dans le Zoulouland au sein de la province du Natal) est un prince Zoulou et un homme politique d’Afrique du Sud, fondateur en 1975 de l’Inkatha Freedom Party (IFP), premier ministre du bantoustan autonome du KwaZulu de 1976 à 1994, et ministre des Affaires intérieures d’Afrique du Sud de 1994 à 2004. Il est membre de l’assemblée nationale du parlement sud-africain depuis les élections générales sud-africaines de 1994.