Koly Tenguella BA est un véritable personnage de légende autour duquel ont été brodés divers mythes. Les sources arabes, portugaises, françaises et ou issues des traditions orales sont parfois divergentes sur les causes de son départ du Mali, sur l’itinéraire (Guinée, Gambie) qu’il a emprunté pour arriver au Fouta-Toro et même sur ses origines ethniques. On s’accorde à dire que Coly Tenguella  est le fils du roi des Peuls de Kingui battu et tué en 1512 par le frère de Askia Mohamed, appelé Amar. Coly, qui était momentanément absent, prend la décision de se rendre au Sénégal.

En effet, son père, Tenguella BA qualifié du titre d’Ardo par ses compatriotes peuls et de celui de Satigui par les mandingues, résidait à Kingui, province de Diâra et Nioro. Soutenu probablement par l’Empereur du Manding, il prêcha la révolte contre l’Askia et fit la guerre au roi de Diâra parce que celui-ci a accepté la suzeraineté du Songhaï ; c’est ce qui causa la perte du père de Coly Tenguella.

Certaines sources, sur lesquelles on ne va pas s’attarder, prétendent que Coly Tenguella  serait un descendant du Mansa, Soundiata KEITA, de par sa mère qui s’appelle Nana KEITA. Il est certain que Coly a fait ses premières armes en pays malinké, mais son père était Peul, du clan des BA, et était donc originaire du Fouta-Toro, comme l’a établi Cheikh Moussa Camara, un spécialiste de la généalogie des familles du Fouta.

Les sources écrites portugaises ont voulu attribuer à Coly Tenguella  des origines judéo-chrétiennes ; suivant Alavares d’ALAMADA, les Peuls ayant la peau claire, ce qui les prédestinait à commander les Nègres. On perçoit là toute l’idéologie qui tentait de justifier la domination coloniale.

Cependant, deux points majeurs font l’unanimité : Coly est l’unificateur du Fouta-Toro qu’il a libéré de la domination du Bourba de Djolof avec l’aide des Sérères ; il est par la même occasion le fondateur de la dynastie des Déniankobé ; il a installé sa capitale à Toumbéré Guingué et a pris le titre de Satigui.

I – Coly Tenguella , l’unificateur du Fouta-Toro

Parti de Bajar, en passant par Niani, Coly Tenguella  traversa le fleuve avec son armée et se rendit notamment à Gourel Hayré, Nabadji, Agname Godo, Diowol, etc.  Le Fouta-Toro, en ce début du XVIème siècle, était déchiré par des divisions et des guerres intestines entre les différentes royautés. Ainsi, le Ardo de Guédé et différents Farba dépendaient du Bourba de Djolof ; une partie du Fouta était donc sous la domination Ouolof. Les autres royaumes, plus autonomes, notamment les Farba de Diowol et Farmabaal, ne cessaient de se battre entre eux. De nouveaux régnants ont pris le pouvoir, après la chute des Laam Termesse, mais les Maures se livrent à des razzias incessantes et la colonisation, qui est restée côtière, tente de s’infiltrer à l’intérieur du pays. Face à des différentes menaces internes et externes, Coly a réussi à mettre tous les chefs Foutanké d’accord ; il a vaincu, après des combats acharnés, les résistances et a unifié le Fouta-Toro. Coly a régné, dit-on, sur le Fouta pendant 25 ans et a pris le titre de Satigui.

La conquête du Fouta a été longue, compte tenu des résistances. Les dignitaires du Fouta, bien que divisés, par orgueil et méfiance, n’ont pas cédé facilement aux assauts de Coly. Comment alors expliquer le succès de Coly Tenguella, qui vient d’ailleurs, pour l’unification du Fouta-Toro ?

Plusieurs théories, fondées sur des raisons politiques ou économiques, ont été avancées.

Les succès militaires sont dûs tout d’abord à la détermination de Coly, un fin stratège, à sa puissante armée, bien entraînée, qui était mobile avec des chevaux, et utilisait des arcs et des flèches. En effet, les Foutanké avaient l’habitude de se déplacer avec des bœufs porteurs ; ce qui, sur les terrains de combat, ne les avantageait pas. Coly a su galvaniser ses troupes au combat en se faisant accompagner de tam-tams et de griots qui excitaient la bravoure et la vanité de ses Djambarébé (guerriers) qui préféraient mourir sur le terrain de combat que sur leur lit. Les griots chantent, notamment le Yella qui est un chant de guerre. Les guerriers, qui ont code l’honneur intégrant notamment la bravoure, ont choisi de donner leur chair aux vautours plutôt que de se rendre. Les forgerons sont mis à contribution pour fourbir les armes et les pillages permettent d’assurer, efficacement la logistique et l’intendance.

Ensuite, Coly Tenguella  a su capter les souffrances et les espérances des Peuls qui étaient un peu partout minoritaires en Afrique Occidentale ; ils étaient persécutés au Mali, en Guinée et Fouta-Toro dont une large partie était dominée par le Bourba du Djolof. Le père de Coly a mené des guerres entre 1481 et 1495 contre les Malinké qui ont fini par le tuer. Les Portugais qui convoitaient l’or du Songhai, ont fini par considérer que les Peuls étaient une menace pour leurs intérêts et ont donc aidé à la chute du père de Coly.

Par ailleurs, le retour au Fouta, pays de ses ancêtres, est pour Coly et ses armées une réussie tentative de retrouver le paradis perdu. En effet, Coly Tenguella  est venu au Fouta-Toro pour rechercher un territoire plus propice, où il fait bon vivre ; le Fouta regorge de mil, de maïs, de niébé, de patates douces, coton et pastèques. La famine commençait à sévir sur territoire du Mandé, au Mali.

Il faut ajouter que Coly Tenguella  a utilisé, parfois, des méthodes déloyales. Ainsi, il a fait assassiner le Lam Toro, après avoir conclu un traité de paix qu’il avait lui-même proposé. Il a fait assassiner le Farmabaal grâce à la trahison de son frère. Un autre Ardo a été tué à la suite de la trahison de sa femme ; il fit décapiter cette femme par la suite.

Fin politique, il a organisé des mariages en masse entre ses armées avec les veuves et les filles de ses victimes. La légende raconte que Coly demanda à ses sujets «comment son père faisait-il pour épouser ses femmes ?» ; on lui répondit : «Il payait la dot aux femmes qu’il voulait épouser». Coly rétorqua à cela : «Moi je tuerai leurs parents et les épouserai». Coly, en stratège, a donc associé ses victimes au pouvoir par les liens du mariage, et a ainsi conforté sa domination.

Enfin, Coly a réorganisé et hiérarchisé son armée autour de 7 commandants principaux dont les fameux Niima et Gata Coumba. Puis, il a élargi, par la suite, son commandement militaire aux descendants de certaines familles royales dont celle de Sawa Dondé.

La conquête du Fouta n’a pas été de tout repos. Ainsi le N’Guénar a résisté, dit-on, pendant 7 ans, le Damga n’a cédé qu’au bout d’un an, le Bossoya, le Lao et le Toro n’ont été vaincus qu’après plus de 3 ans de combats acharnés. Démarrés vers 1520, la conquête et l’unification du Fouta ne seraient terminées que vers 1532. Selon le professeur Yaya WANE, Coly Tenguella  serait décédé en 1586. Coly, qui a pris le titre de Satigui, a installé sa capitale à Toumbéré Guingué. Ainsi, peut alors commencer la fastueuse histoire de la dynastie des Déniankobé.

II – Coly Tenguella , le Satigui fondateur

de la dynastie des Déniankobé

Coly Tenguella  est resté dans la postérité en raison, notamment de la longévité de la dynastie des Déniankobé qui ont régné pendant plus de deux siècles, sur le Fouta-Toro de 1532 à 1776. Coly Tenguella  a effacé le nom de diverses dynasties qui avaient régné, auparavant, le Fouta-Toro. Rappelons, les diverses dynasties qui se sont succédées au Fouta-Toro, dénommé auparavant, Namandir. On a recensé les Diaogos, qui étaient pauvres, cultivaient la terre, travaillaient le fer et avaient comme chef Coumba Waly ; ils étaient fétichistes. Les Diaogo ont été supplantés par la dynastie des Manna, des princes Tiédo Sarakollé venus de Aéré N’Gallé. Leur chef, Manna Soumaré s’est installé à Ouandé. Dans la tradition orale, le plus connu a été Hamadi Manna. Le dernier chef Manna, dénommé Thiégane a plongé sa dynastie qui a régné 250 ans sur le Fouta-Toro, dans le déclin en raison de sa grande cruauté ; il vendait comme esclaves ses sujets. Une dynastie Sérère, les Tondiang, prit le pouvoir pendant 360 ans ; leur dernier roi fut Maïssa N’GOM Tondiong. Cette dynastie fut supplantée, par la suite, par les Maures Tagas ; les souverains maures portaient le titre de Lamtaga. Les Maures ont régné une centaine d’années, mais refusaient de se mélanger à la population. Les Lamtermesses, qui sont Peuls, prirent le pouvoir. En raison des attaques des Maures et de la tyrannie des Lamtermesse, un Farba, fut nommé à Diowol. Face aux appétits de pouvoir, aux attaques incessantes des Maures, à l’insécurité générale, surgit alors Coly Tenguella  qui a entamé la réunification du Fouta-Toro.

Coly Tenguella , dès sa prise de pouvoir, eut le génie de structurer son administration pour la confier à des fidèles, notamment furent nommés : son frère Ameth Ali El Bana, chef du Toro à Guédé, neveu, Niobdi, chef des Irlabbé Hébbyabé, son fils Moussé Bassé, chef du Bossoya, son frère Ali Malliga, chef du Damga, etc. Les affaires entre particuliers étaient réglées par les chefs de province dont les décisions étaient irrévocables.

Mais pour consolider son règne, il était obligé régulièrement de mener des guerres. Il mourut d’une fièvre, à Lamboussa, pays dont on ne connaît pas l’emplacement actuel.

Coly Tenguella, à sa mort fut remplacé par son frère Labba Tenguella. La famille royale, au cours d’une réunion, a désigné le plus âgé ; brave guerrier, on attribue à Labba Tenguella de nombreuses victoires dont celle contre les Ouolof qui attaquaient le Fouta-Toro. Labba fut tué à Agnam, par un Damel qui avait fait une incursion dans le Fouta-Toro.

Samba Tenguella, frère de Coly, succéda à Labba ; il n’a rien changé aux règles de gouvernement établies par Coly. Samba a continué de livrer bataille aux Maures et aux Ouolof qui voulaient assujettir le Fouta. Mais les Satigui sont, en général, des souverains fainéants et pillards. Samba fut vaincu et tué au cours d’une de ses expéditions.

Guéladio Tabara, fils de Coly, succéda alors à Samba, son oncle. Il mourut de maladie et fut remplacé par Sawa Lammou qui n’a régné que deux ans, pour être remplacé par son fils, Ciré Sawa Lammou ; ce dernier a régné pendant 30 ans sur le Fouta-Toro. Bokar Samba Lammou fut nommé Satigui, en remplacement de son père et régna pendant 20 ans et fut remplacé par Guéladio Dikoui, qui lui-même, à sa mort, a été remplacé par Guéladio Diégui (père de Samba Guéladio Diégui).

En raison de sa très grande sévérité, Guéladio Diégui s’aliéna du soutien du Fouta et d’une bonne partie de sa famille royale. A la suite d’une révolte, Guéladio Diégui fut destitué au profit de Birame Boubou Moussa. Guéladio Diégui qui était réfugié à Tiabou, près de Bakel, y mourut et la même nuit, le Satigui Birame Boubou Moussa succomba de maladie à Toumbéré Guingué, la capitale des Satigui. BouMoussa prit alors le pouvoir.

Bouboussa a régné pendant 23 ans, et a eu un réel soutien populaire en raison de la paix et la justice qui régnaient dans le pays. Cependant, de grandes dissensions eurent lieu concernant le partage du pouvoir. En effet, il distribua toutes les charges aux différents princes, sauf à Samba Guéladio Diégui ; celui-ci, absent du pays lors de la distribution des charges, se trouva affligé qu’aucune place ne lui avait été réservée et entra donc en conflit contre son oncle pourtant légitimement nommé Satigui.

Samba Guéladio Diégui, s’exila chez les maures Brakna ; ces Maures envoyés par Samba Guéladio, assassinèrent lâchement Boumoussa. «Les cris d’alerte des hommes, les pleurs de femmes et des enfants, et les chansons des griots» apprirent aux Foutanké la disparition de leur vénéré Satigui, Boumoussa.

Konko Boumassa fit nommé nouveau Satigui ; ne pouvant prendre directement le pouvoir, Samba Guéladio confia sa mère et celle de son griot, Séwi Malal Sewdou, au Tounka de Tiabou, près de Bakel, et partit en exil avec son griot et son captif, Doungourou.

Allié aux Maures de Ellène Ben Zékri, il revint au Fouta-Toro, après une très longue bataille, reprendre le pouvoir qui, selon lui, lui était dû. Le Tounka de Tiabou, qui avait dépouillé sa mère de ses bijoux et les avaient donnés à sa fille, fut châtié sur la place publique. Samba n’a pas hésité de tirer un coup de fusil sur la princesse qui portait les bijoux de sa mère et a prononcé cette phrase terrible rapportée par les griots : «Dépêchez-vous d’enlever à cette chienne, les bijoux de ma mère avant qu’ils ne soient tâchés de sang». Samba s’est proclamé Satigui, sans que personne ne lui conteste le titre.

Samba Guéladio a la gâchette facile et un goût prononcé pour le pillage. Il tue d’un coup de fusil son ami de longue date, Guéladio Hindié, qu’il avait surpris avec sa femme. Abandonné par les Fountanké qui ont condamné ce crime odieux, il est allé se réfugier à Diam Welly, dans le Boundou. Fatigué et malade de la poitrine, il y mourut quelques jours plus tard.

Le «Battou» des Foutanké (assemblée de notables) désigna Silèye N’DIAYE qui fut, en fait, l’avant dernier Satigui ; il s’était converti à l’islam et fut remplacé par la suite par Boubacar Fatimata. Le professeur Yaya WANE a recensé 27 Satigui qui ont régné sur le Fouta-Toro, sans qu’on puisse établir, de façon rigoureuse et incontestable la chronologie de leur règne. La tradition orale nous a transmis divers noms de Satigui : après Coly Tenguella , Labba Tengualla, Yaladi Diadié, Ciré Garmi, N’DIAYE Houlé, Guéladio Diégui, Guéladio Guayssiri, Yéro Guido, Guéladio Tabara, Guata Coumba, Ciré Garmi, Bocar Tabaki Diadié Garmi, Samba Lammou, Ciré Doulmi, Konko Boubou Moussa, Soulèye N’DIAYE, Ciré Tabaki, Yéro Diam Coly, Guata Coumba, Samba Guéladio Diégui, Silèye Boubou, Guéladio Bambi, Bocar Samba Lammou, Silèye N’DIAYE, Boubacar Fatimata. L’incertitude de la datation de leur règne a été, magistralement, expliquée par le professeur Oumar KANE ; les Maures avaient l’habitude d’interférer dans les affaires du royaume des Déniankobé ; ils fomentaient des coups d’Etat à la «Jacques Foccart» et mettaient au pouvoir un Satigui qui leur était favorable à leurs intérêts. Cette politique de «Françafrique», avant l’heure, révoltait les Foutanké qui remettaient en scelle un Satigui plus légitime ; Aussi, les changements de gouvernement étaient fréquents à cette époque. Un même Satigui pouvait prendre le pouvoir plusieurs fois dans sa vie. Par ailleurs, il y avait de nombreux homonymes qui avaient repris le nom d’un ancêtre.

Pendant ces dernières années du règne des Déniankobé, le Fouta est ravagé par des famines, des épidémies, des guerres et des dissensions au sein de la famille royale. Les Maures et le colonisateur voyaient d’un très mauvais œil le développement d’un empire qui allait manifestement à l’encontre de leurs intérêts commerciaux.

Cependant, et sans nul doute, c’est la poussée de l’Islam qui a donné un coup de grâce à la dynastie des Déniankobé. En effet, les Déniankobé sont des Peuls païens, or l’Islam ne cesse de progresser, sous l’effet de grandes confréries Quadriaya et Tidjiana, soutenues par les Touaregs qui veulent étendre et sécuriser leur commerce à toute l’Afrique occidentale. En effet, la révolution menée par Thierno Souleymane BAL en 1776 a eu raison de la dynastie fondée par Coly Tenguella. Un Etat théocratique basé sur des règles de succession et dont le souverain prenait le titre de Almamy, vint alors remplacer la dynastie fondée par Coly Tenguella. Et c’est le grand marabout, El Hadji Omar TALL, qui a mené une guerre sainte contre le colonisateur (1797 – 1864) et donc a ruiné tout espoir de reconstitution de cet empire des Déniankobé. En dépit, de cette chute des Déniankobé, le souvenir de leur règne est encore resté vivace et gravé à jamais dans le souvenir des Foutankobé.

 

M. Amadou Bal BA

texte publié dans Ferloo du 1er avril 2013

 

Bibliographie sélective

EQUILBECQ (François-Victor), Essai sur la littérature merveilleuse des nègres suivie de contes indigènes de l’Ouest-Africain, Paris, E Leroux, 1913, 314 pages, spéc pages 94-96 ;

KANE (Oumar), «Essai de chronologie des Satigi du XVIIIème siècle», Bulletin de l’IFAN, 1970 (32) n°3, pages 755 – 765 ;

KANE (Oumar), Le Fuuta-Toro des Satigi aux Almaami (1512 – 1807), Thèse d’Etat, Dakar, 1986, sous la direction de J DEVISSE, 3 volumes, 1124 pages,

LABAT (Jean-Baptiste 1663 1738), Nouvelle relation de l’Afrique occidentale contenant une description exacte du Sénégal, Paris, PF Giffart,1728, spéc chapitre XI pages 196-211 intitulé du «royaume des Foulles ou des Siratique» ;

STEFF (capitaine), Histoire du Fouta-Toro, Dakar, IFAN, 1913, Fonds Brévié cahiers n°1-7 ; Fonds Gaden cahier n°1-338, 70 pages dactylographiées, spéc pages 5 à 50 ;

WANE (Yaya), «Les Toucouleurs du Fouta-Toro : stratification familiale et structure sociale», Dakar, Collection Initiatives et études africaines, 1969, n°XXV, 250 pages, spéc pages 5 à 50.

Paris le 1er avril 2013, par M. Amadou Bal BA, http://baamadou.over-blog.fr/

 

Source : baamadou.over-blog.fr

 

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