M.Mohamed Yehdhih Ould Breidelil, figure emblématique du Baathisme en Mauritanie et l’un des théoriciens du parti nationaliste Sawab a déclaré selon des sources journalistiques locales, que les Mauritaniens sont aujourd’hui désemparés politiquement face à l’amalgame fait entre citoyenneté et identité. Le fait que nombre de Mauritaniens, ajoute-t-il, n’affichent pas une orientation définie ni un patriotisme avéré, augmente davantage l’inquiétude générale.
Pour Ould Breidelil, deux questions attendent les déportés dont le retour est programmé : mettent-ils leur allégeance au profit du pays ? Sont-ils des citoyens de souche ? Et Ould Breidelil de demander aux concernés de prouver leur allégeance à l’Etat mauritanien, chose qui selon lui requiert des éclaircissements.
Le dirigeant nationaliste qui s’exprimait lors d’une conférence organisée par le parti Sawab sur la question «identité nationale : bases et défis » ; a souligné que le problème linguistique est déjà définitivement réglé, qualifiant l’usage du français en Mauritanie, de honteux. Il ajoutera qu’un accord est toujours possible sur l’enseignement des autres langues nationales, pour ceux qui le souhaitent. Ould Breidelil trouve impossible le fait d’abandonner l’usage des langues nationales pour imposer la langue du colon, demandant aux Mauritaniens de respecter la langue de la majorité.
Trois choses menacent l’existence de l’Etat :
Au cours de cette rencontre qui a regroupé des parlementaires et plusieurs dirigeants politiques de divers horizons, une autre figure du Baath, M.Ahmed Ould Ebyah, a souligné qu’un triptyque dangereux menace l’existence de l’Etat mauritanien dans son noyau central et dans son identité, tant que la classe intellectuelle politique du pays ne se lève pour mettre un terme à la décadence du pays.
Et Ould Ebyah de résumer son intervention pour souligner que l’Etat mauritanien a toujours été victime depuis son indépendance de trois classes essentielles : l’immigration effrénée à partir du sud pour changer la composition démographique du pays, une classe politique clonée et francisée qui dirige ce pays depuis les indépendances et qui aide ces immigrés à intégrer la structure administrative, enfin, le parapluie terroriste dirigé par la France pour cloner l’identité culturel de ce pays.
Pays sans souveraineté
Un professeur d’Histoire à l’Université de Nouakchott, M.Hamahoullah Ould Salem, a présenté une communication dans laquelle il a mis en garde contre la décadence de l’Etat mauritanien si l’immigration étrangère continue, considérant que le pays est la victime d’un héritage colonial qui a fait fi de la vision souveraine de l’Etat mauritanien et joué de sa dignité. Il a mis en exergue le rôle d’un chanteur sénégalais dans l’incitation au massacre des Mauritaniens au Sénégal et ses attaques sur les liens islamiques qui lient les deux pays. Pourtant, dira-t-il, celui-ci a été accueilli au plus haut niveau en Mauritanie.
Certains intervenants au cours de la rencontre sont allés jusqu’à soutenir que le pays vit aujourd’hui ses plus grandes périodes de faiblesse. Ils diront que le Président de la République, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est allé récemment à Dakar pour consulter Wade sur le dossier des déportés et qu’il a été reçu par son hôte accompagné de tous ses officiers de l’armée.
Un ministre sénégalais dans le gouvernement de Zeine
M.Sadava Ould Cheikh El Hussein, cadre au Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), est allé plus loin, soutenant que le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso ont raison de s’impliquer, car ce sont ces pays qui ont planifié, financé et bâti une popularité pour le Chef de l’Etat avant les élections. Il est donc normal, poursuit-il en substance, qu’il récolte le fruit de leurs actions. Il ajoutera que l’un des ministres du gouvernement de Zeine Ould Zeidane pourrait même être un Sénégalais. Il ajoutera en soulignant que le problème de la langue arabe, n’est pas seulement un problème d’identité, c’est surtout une affaire de chômage et de survie, notant que 85% des Mauritaniens sont aujourd’hui incapables de trouver du travail, car l’Etat préfère priver ses enfants de leurs droits à vivre dignement.
Il faut remarquer que les débats ont été houleux. Les nasséristes ont observé des réserves, à l’image de Khalil Ould Tiyib, El Moudir Ould Bouna, tandis que les Islamistes, sous la houlette de Mohamed Jemil Mansour ont critiqué les propos d’un intervenant qui soutenait que l’Islam est une partie de l’identité arabe. Les Baathistes, dont plusieurs anciens officiers de l’armée ont développé leurs thèses avec toute la force de leurs arguments.
L’authentique quotidien
17 juillet 2007