L’un de mes pères spirituels, Abuu  Bakri Kaaliidu Bah a quitté ce monde d’injustice. Il a rejoint son ami et compagnon,  Tafsiiru jiggo. La conscience noire mauritanienne, organisée s’était  reposée sur les épaules de ces deux hommes arabisants et un francisant, certainement l’un des derniers, je veux nommer Baal Fadeel. Donc, la première génération de la conscience noire est en train de disparaitre petit à petit. Il y’a certainement d’autres que je n’ai pas eu la chance de connaître.

Si la maison  Abuu Bakri Kaaliidu est comme une école, elle est aussi un lieu des  R D V inte, des ouvriers, des chômeurs, des malades qui, attendaient d’être soignés. C’est aussi un lieu de rencontres des intellectuels, des politiques e des hommes de culture.

Je fréquentais rarement sa maison, mais chaque fois que j’y étais, je voyais de nouveaux visages. Je voyais tellement des gens différents, que je n’ai jamais su, qui y’était visiteur et qui y’était  habitant.

Chez lui, il se confondait avec les visiteurs et l’on ne pouvait pas l’identifier comme chef de famille tellement il était modeste et il causait comme un berger ou un cultivateur au milieu des siens.

Mes rapports avec ce grand maître, il fut mon maitre bénévole de la langue arabe à Boggee durant les années soixante dix. Les années auxquelles, il est revenu de l’Egypte.

Ce qui m’a impressionné chez l’homme, c’est d’abord sa simplicité, son accessibilité, sa lucidité, sa modestie. L’homme connaissait bien l’histoire mondiale et particulièrement celle du Fuutaa. Cette partie d’Abuu, je l’ai découvert en 1979 à l’école Falah, quand je préparais mon bac, en candidature libre.

Dans ces cours trois personnes m’ont séduisent, comme enseignants. Lui, pour l’histoire Mohamed El Basiiru Baal, pour  le Nahwu et le Sarfu, Tafsiiru Jiggo pour les mathématiques, les physiques et la chimie.

Tous les trois maitrisaient aussi parfaitement bien la langue arabe, le coran et la Charia.

Malheureusement qu’ils étaient noirs, mauritaniens et Fulve, donc, on ne valorise pas leurs compétences. Cette génération des arabophones a séjourné dans le monde Arabe avant que ceux qui réclament aujourd’hui l’arabité de mon pays ne soient reconnus comme tels. Ils y sont allés quand on s’y rendait à pieds. Ils étaient des premiers diplômés en langue Arabe.

Les recherches d’Abuu bakri kaalmiidu sur la vie de Cheikh Oumar Taal a fait que la Ligue arabe lui propose de rejoindre les chercheurs arabes. Il leur a dit tout simplement que, si lui, il consacre ses recherches à la cause arabe, qui le fera pour la cause des Fulve ?

A son avis, c’est pour cette réponse que l’Iraq qui, avait promis de lui payer son billet pour aller à Bagdad pour la correction de son livre, que nous avons cité, a renoncé au paiement de son billet et de son hébergement.

C’est aussi pour cette raison que son point de vue n’a pas été respecté sur la couverture ou ils ont fait figure l’image de la femme noire qui, portait son enfant sur le dos, alors qu’il prévoyait la photo de Sayku Umar Taal. Il m’a confié ces secrets dans son bureau à la maison des cultures. Ce jour-là, j’ai rendu visite à Teen Yuusuf Gey et à saydu Kan, ses voisins des bureaux.

Il a quand même fini par me dire, malgré tout ça, je remercie l’Iraq. Même, si je ne suis pas content de la forme, je suis satisfait du content du contenu. !

En janvier 1980, j’ai quitté la Mauritanie pour la Lybie pour des études agronomiques. Abuu Bakri Kaaliidu me conseilla de lui envoyer des coupures de journaux, parlant de la Mauritanie. Je lui envoie un courrier d’une dizaine d’articles. Le courrier a été intercepté par
La Sûreté Nationale.

A l’époque, les moyens de communications n’étaient pas comme aujourd’hui. Il a été convoqué à la Sureté nationale; il a refusé d’y aller avant de me toucher et de connaitre le contenu de l’enveloppe. C’est six mois, après que j’ai appris ces nouvelles par l’intermédiaire du camarade Aamel Yaal qui, étudiait en Arabie. En 1983, quand je suis revenu pendant les vacances, je lui ai demandé comment il a réglé le problème, il m’a dit qu’ils ont pu régler ça, sans problème.

En juin 1983, de retour de la Lybie, où j’ai rencontré pour la première fois Ibraahiima Abuu Sal, Ibraahiima Saar et notre ex-camarade Amar Bah, le seul que je connaissais avant. Ils étaient à Tripoli pour le festival panafricain de 1983.

Cette rencontre m’a donné le sentiment de l’existence d’une organisation noire, mais ces camarades ne m’ont pas informé réellement, même, si j’avais eu à travaillé avec Amar dans le cadre des M E E N.
Je note au passage que je leur ai servi de guide et de traducteur à Tripoli.
De retour à Nouakchott, Jibi Hammee Lih me met en contact avec le feu Muusaa kebe, qui m’a mis au bain et m’a fait connaître Cernel, Ngayde Mustafaa et d’autres camarades ; avec qui j’ai travaillé sur le document qui,  nationalisait des terres du Waalo.

Deux jours après, je voyais mon maitre à pensée Abuubakri Kaaliidu dans son bureau. Très content de me voir, il saute sur l’occasion pour me parler de la création des FLAM et il me donna des documents, qu’il devait rendre dans deux jours après, des documents hyper confidentiels, sur les FLAM.

Moi, de ma part, je les ai confiés à mes amis Sariif et Demmba.

Mon maitre ne savait pas où, j’habitais, il a presque fait tout Nouakchott pour me chercher.

Le deuxième jour à minuit, il me trouve chez mon oncle. «Qu’est ce que tu fais, ils sont ou les documents? Ca ne se fait pas ! Ramène les moi rapidement ! » Le lendemain à 11h00, on arriva chez ces deux amis, on récupéra le premier programme des FLAM.

Je dis honnêtement qu’il m’aimait beaucoup et avait  une grande confiance, je dirais même, confiance aveuglée.

La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était en septembre 1983, chez lui à Nouakchott. J’étais avec Ibraahiima Abuu Sal, pour chercher quelqu’un, qui pouvait nous aider à traduire le projet des FLAM de l’époque, pour que je puisse l’amener avec moi, en Lybie.
Ibraahiima avait oublié qu’Abuu ne lisait pas le Français, donc, il ne pouvait pas nous aider.

Nous sommes allés chez Bari qui, lui n’avait pas de temps.
Ibraahiima, Muusaa kebe et moi, avons atterri chez Ibraahiima Saar. Il ne me restait que deux jours à partir. Finalement, j’ai pu faire avec lui que quelques pages, simplement.

Ces pages traduites en Pulaar, nous sont servi de base pour créer la première section des FLAM, en Lybie. Je dois aussi rendre hommage à Ngayde Mustafaa qui, à l’époque, faisait ses études en Tunisie. C’est lui qui me transmettait des informations venant de la Mauritanie, parce que moi, je ne lisais pas le Français à cette époque.

La dernière fois quand j’ai parlé à Abuu Bakri Kaaliidu réellement, c’est quelques temps après la création de la section Europe des FLAM . Il était à Dakar. Les camarades me l’ont passé au téléphone. Il hausse la voix et dit, Cheiykhou Oumarou, Bah, Bah.

Il parle en Pulaar « Golle mon peewii, kominikee mon o, vamtii maanawiyya men ».

Il parlait du communiqué qui, a annoncé la création de la Section européenne des F L AM.

Chaque fois qu’il me voyait, il  soulevait sa main, le mettait au tour de mon coup et criait à même temps chaykhou Oumarou.

Les rencontres avec lui, étaient toujours occasions pour m’informer sur des choses très sensibles. Il est arrivé une fois que lui et moi restions discuter dans son bureau, alors que l’heure de déjeuner était passée. Il regarde sa montre ; il était 2h30. A l’époque la pause était midi. Heureusement qu’il habitait à côté de la maison des cultures.

Que veut la Mauritanie ?
Une question qui, s’impose !!!

Je ne sais pas parce que la Mauritanie, elle-même, ne sait pas ce qu’elle veut!!!

Elle ne sait pas, parce que cette première génération des cadres arabophones et arabophiles, ont été entre ceux qui ont étaient exterminés, comme JiggoTafsiiru.Ceux qui, ont étaient radiés et abandonné, comme Abuu Bakri Kaaliidu. Ceux qui ont été marginalisés, comme yero Dogel et d’autres qui sont purement et simplement clochardisés.

Ces arabophiles, devaient être pour la langue Arabe, ce que Senghor était pour la langue Française !!!

Mais on a préféré les éliminer par différents moyens, parce qu’ils sont noirs et refusent l’injustice. Quel dommage pour l’humanité entière!!!

Leur amour pour l’Arabe et pour l’Islam et la langue de Mohamed, les a amenés à étudier des vingtaines d’années dans le monde Arabe, par leurs propres moyens. Leur défaut  c’est de vouloir séparer l’arabité et l’Etat, en Mauritanie.

Ils étaient tous fièrs de leur africanité.

Contrairement à d’autres « fulve Arabe », des marionnettes qui pour avoir des postes ministériels ont changé leur arbe généalogique, pour devenir arabe et être accepté par le système.

Nos ainés ne sont pas comme ceux-là ; Abuu Bakri kaaliidu, tafsiiru Jiggo, Yero Dongel  et les autres nous ont légué la fierté, l’honnêteté et le sens de l’Etat, quelque soit la situation, nous suivons leur pas.

J’ai fais une tourné aux Etats-Unis en 2005 et fait huit Etats de ce grand continent.  Dans ce voyage j’ai rencontré beaucoup de mauritaniens arabisants, noirs. Parmi eux des philosophes, des psychicologues, des ingénieurs, des professeurs, des juristes et des poètes en langue arabe.
Il y’a même parmi eux des spécialistes de la médecine. Tous exilés, dans chaque Etat il y’en a des dizaines. Le cas est le même en France, en Allemagne, en Hollande, en Belgique, en Espagne et ailleurs.

Tout ce monde, négro-mauritanien  est banni, à cause de sa couleur de peau. Alors que les gouvernants mauritaniens cherchent des enseignants Tunisiens, marocains, syriens et autres.

Heureusement pour nous que l’occident existe, c’est grâce à lui que nous nous sommes protégés pour pouvoir continuer notre combat. C’est grâce à ces pays catholiques que les musulmans mauritaniens sont. Donc, l’unité de l’Islam la solidarité musulmane ne sont que partielles.

Enfin, on ne vend pas l’Islam à un Pullo fuutanke, parce que nous avons embrassé cette religion avant  l’arabité de la Mauritanie qui date de 1973.
Sachez que Cheikh Oumar Taal, le fuutanke a été honoré de diriger des prières à la Kaaba !

Savez-vous que le fuutanke, Alfaa Haasimiyyu fut le mouftii de Madina, il fut aussi l’imam ratib à la mosquée de prophète, Mohamed, s a w s, dans cette ville de Madina.

On ne peut pas avoir cette histoire et haïr l’Islam!
On ne peut pas avoir cette culture est être opprimé par l’arabité, sans réagir.

Chers compatriotes, le moment est venu pour discuter  sur la séparation de l’arabité et de l’Islam, en Mauritanie.
Autrement dit l’Etat doit être séparé et de l’arabité et de l’Islam. Parce qu’il est un patrimoine commun. Il doit abriter tous ses fils ; arabes et non arabes.

Ce que nous a enseigné Abuu Bakri Kaaliidu, ce qu’il était musulman et arabophile, mais pas arabe.

Inna Akrama kum indallaahi, atqaa kum. S ADAQA AL ILAAHU.
Dieu n’a pas dit Inna akrama kun inda Allaahi Aaraba kum.

Ce qui est sûr c’est que Abuu Bakri n’est pas venu au monde pour rien. Il a bien et bien terminé sa mission. Il mérite une rue en son nom, un centre culture pour son hommage. Ils t’ont enterré, mon maitre, mais ils n’enterreront jamais tes idées et tes œuvres.

Yoo Alla yurme yaafomaa, juuze moxxe njaafomaa.
Paix à ton âme.

Dans les semaines à venir, nous vous parlerons de sa vie plus largement.

Cheikh Oumar Ba, Section Europe de l’Ouest, Paris

A lire également

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *