L’appel des Flam
En avril 1989, au prétexte d’un différend avec le Sénégal, les autorités mauritaniennes, au paroxysme de leur politique raciste, entreprirent, parallèlement à l’expulsion de résidents sénégalais, une déportation à grande échelle de citoyens négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali. Des êtres humains, subitement dépouillés de leurs biens (terres, logement, bétail…) et par-dessus tout de leur état civil et de leur identité nationale étaient ainsi du jour au lendemain réduits au statut de réfugiés apatrides, parqués dans des camps d’infortune, démunis de tout, et ce après avoir subi les pires humiliations et moult vexations, très souvent en public. Le caractère massif, systématique et expéditif des opérations conforte dans l’idée que celles-ci participent de ce qu’il faut bien appeler une politique de « dénegrification » planifiée, politique à l’œuvre, à des degrés différents, depuis la naissance de l’Etat mauritanien.
Depuis, certaines victimes sont rentrées, au comble du désespoir, dans le cadre d’accords factices aux engagements littéralement bafoués, sans évidemment rien obtenir de ce qui leur avait été promis. Force est d’ailleurs de constater que nombreux sont ceux qui, en revanche, sont condamnés à demeurer encore réfugiés au Sénégal et au Mali. Malgré eux.
Ces vingt-neuf années d’exil involontaire ont vu certains mourir et des enfants naitre avec en partage la même misère loin de tout espoir de vie normale.
Face à ce drame, les FLAM, se sont employées à apporter, dans la mesure de leurs moyens, une aide substantielle, qui a permis momentanément et ponctuellement de faire face aux situations les plus précaires.
Exaspérées par l’indifférence de l’opinion mauritanienne et la relative inertie internationale face à un drame censé nous concerner tous, notre organisation a fait plus que jamais de la résolution de ce problème, plus qu’une priorité, un préalable.
Toute proposition de règlement de la question noire en Mauritanie devra passer par un recouvrement intégral par nos concitoyens déportés de leurs droits et d’abord du droit à la dignité.
Les FLAM invitent en conséquence les citoyens mauritaniens, chacun à son niveau, et l’opinion publique internationale à des actions de solidarité, de soutien et d’aide concrète et continue afin de permettre à des compatriotes injustement spoliés de vivre une vie décente dans l’attente d’un retour au pays que nous appelons de nos vœux et de leur rétablissement dans tous leurs droits.
Les FLAM invitent à une concertation avec les associations représentatives des déportés et organisations impliquées dans le but d’apporter les réponses les plus utiles au sort dramatique que vivent nos concitoyens depuis des décennies Nous comptons sur l’engagement de chacun et de tous pour mettre fin à ce calvaire qui n’a que trop duré.
Le 24 avril 2018
Le Département de la Communication.