Un vent mauvais souffle sur le Mali. Depuis plusieurs mois, des populations appartenant à l’ethnie peul du pays sont les cibles de massacres de masse. Pas plus tard que samedi dernier, 32 Maliens peuls au moins ont été sauvagement tués. Le mode opératoire utilisé ne laisse place à aucun doute sur le caractère ciblé de ces massacres : sélection, regroupement, isolement… Jusqu’ici, ces tueries ont été généralement (et peut-être assez opportunément) imputées à des membres d’une composante ethnique du pays et à eux seuls.

Une telle présentation, sommaire et tronquée, est contredite par les faits. La réalité du terrain est autre. Certes, des éléments communément appelés « chasseurs Dozos » et appartenant à l’ethnie dogon ont bien pris part aux massacres. Mais, ils sont loin d’être les seuls.  Tout indique qu’ils ont été les bras séculiers téléguidés par des franges du pouvoir malien. Des sources crédibles ont fait état à tout le moins de l’inactivité si ce n’est de la complicité des FAMA (Forces armées maliennes) dans le déroulement des tragiques événements. Monsieur Abdelaziz Diallo, Président de l’association Tabital Pulaaku, une association culturelle peul, assure avoir alerté les autorités maliennes, mais sans succès, sur le drame qui se tramait. Nul doute que l’armée malienne est impliquée dans les massacres commis.

Les autorités maliennes elles-mêmes ont fini par reconnaitre l’implication de « certains personnels de l’armée » dans la mort de 25 personnes dont les corps ont été retrouvés dans 3 fosses communes dans la région de Mopti vraisemblablement dans le cadre d’actions qualifiées cyniquement d’opérations de neutralisation. Et ce n’est là qu’un exemple.

Bien que mollement, la communauté internationale fait mine de réagir. Les Etats-Unis ont demandé que soit diligentée une « enquête crédible et transparente ».

Pour sa part, le Canada, dont 450 militaires sont présents au Mali dans le contingent des Casques bleus des Nations-Unies, se dit préoccupé.

La MINUSMA n’est pas en reste qui avait déjà accusé l’armée malienne d’avoir tué 12 civils le 19 mai dernier lors d’une patrouille sur un marché à la frontière du Burkina.

Face à l’évidence de la responsabilité des autorités maliennes, notre organisation ne peut rester insensible et a fortiori garder le silence sur ces événements tragiques  dont elle condamne avec  force les auteurs.

Nous refusons et jugeons intolérable  l’amalgame assimilant toute une communauté à des jihadistes. Un tel amalgame est à la fois source de confusion et la porte ouverte à tous les abus.

Il est inacceptable que la lutte contre le terrorisme soit le prétexte à des meurtres de masse et de caractère discriminatoire de surcroît.

Nous appelons les autorités maliennes à rechercher dans les meilleurs délais les auteurs de ces crimes odieux, quels qu’ils soient afin qu’ils soient jugés et sanctionnés à la hauteur de la gravité de leurs crimes.

L’unité du Mali est en danger. Il appartient aux autorités de ce pays de mesurer l’ampleur du drame et de faire en sorte que tous les moyens soient déployés afin d’en éviter la survenue.

Pour ce faire, elles doivent faire cesser les affrontements entre communautés et renoncer elles-mêmes à  toute instrumentalisation de caractère ethniciste.

Les FLAM sont soucieuses de voir toutes les communautés maliennes vivre en harmonie et souhaitent qu’aucune d’entre elles ne cède aux sirènes de la manipulation et de l’instrumentalisation. Il en va de l’existence du Mali.

Nous apportons notre soutien à toutes les organisations démocratiques du Mali œuvrant à l’unité de ce pays frère et à la bonne entente entre toutes ses communautés.

 

Fait à Paris, le 27 juin 2018

Le département – communication des Flam

 

 

 

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