« L’institut Mandela » vient d’attribuer le « Prix Mandela » au président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz. Cette récompense ne laisse pas de surprendre compte tenu du parcours politique du récipiendaire et surtout de la nature du régime qu’il préside. Associer le nom de Nelson Mandela au dirigeant, de surcroît putschiste, d’un système fondé sur la discrimination et l’exclusion raciales de ses citoyens noirs est pour le moins paradoxal, voire pervers. Il semble que « l’Institut » soit coutumier de distinctions aberrantes et à contre-courant.
Il n’a pas hésité par exemple à « honorer » d’un « prix du courage » le président burundais, Pierre Nkurundziza, qui ne passe pas pour être un modèle de démocratie et de respect des droits de l’homme. Il suffit de rappeler que l’intéressé est sous le coup d’une inculpation de la Cour Pénale Internationale de la Haye.
Outre le choix de ses héros, « l’Institut Mandela» est également l’objet de controverses de caractère éthique. La polémique qui l’a opposé à l’écrivain burundais David Gakunzi et l’enquête que lui consacre le journaliste Romain Gras de Jeune Afrique en sont une illustration. L’enquête journalistique « révèle » que la structure n’était au départ qu’une « association confidentielle » avant de se voir en « think tank » affichant une complicité plus ou moins factice avec des dirigeants et décideurs politiques. Il apparaît surtout qu’elle n’est nullement reconnue par la fondation Mandela qui l’a mise en demeure de ne pas se prévaloir du nom de Madiba. Il apparaît également que son président d’honneur, Monsieur Olivier Stirn, n’a jamais été l’ami de Mandéla contrairement à ce qui est prétendu. On apprend également que la fondation Chirac a pris ses distances. Le journaliste cite de manière circonstanciée maints autres faits tendant à accréditer le caractère particulier de la démarche de « l’Institut». Ce qui conduit à s’interroger sur les critères qui fondent ses choix.
La rédaction