9 avril – fin mai 1989 : 150 à 200 morts à Nouakchott, des centaines de blessés ; 50 à 100 morts à Dakar, des dizaines de milliers de personnes réfugiées à la grande mosquée et protégées par l’armée ; 120 à 160 000 Mauritaniens habitant au Sénégal rapatriés vers la Mauritanie ; 76 000 Sénégalais habitant en Mauritanie renvoyés dans leur pays, 25 à 45 000 Mauritaniens noirs, privés de leurs cartes d’identité et expulsés vers le Sénégal du 29 avril au 8 mai 1989, pont aérien organisé par la France, le Maroc, l’Algérie et l’Espagne pour assurer le chassé-croisé. Telles sont les conséquences d’un différend, apparemment anodin et habituel, survenu entre agriculteurs sénégalais du village de Diawara et éleveurs mauritaniens, le 9 avril 1989, sur l’île de Doundé-Koré, dans le fleuve Sénégal1. Comment a-t-on pu en arriver là ?

LA MISE EN VALEUR DE LA VALLÉE

Le fleuve Sénégal s’écoule dans le sens est-ouest sur 1 790 km. Il naît de la rencontre du Bafing, le fleuve « noir », descendu du Fouta Djalon à 800 mètres d’altitude, et du Bakoye, le fleuve « blanc » qui prend sa source sur le plateau Mandingue. Son principal affluent est le Falémé, qui draine toute la partie Est du Sénégal. Le bassin du fleuve s’étend sur 337 500 km2 et la population qui y vit représente 16 % de celle des trois pays riverains (la moitié au Sénégal, 5 % au Mali, le reste en Mauritanie)2. Les terres arables s’étendent sur plus de 800 000 hectares. L’avancée du désert et le débit (estimé pendant la période 1903-1978 à 24 milliards de m3 et à 13 milliards en période sèche, c’est-à-dire de novembre à juillet)3 aux variations saisonnières très fortes ont amené les autorités à rentabiliser le potentiel hydraulique du fleuve, et à monter un plan de mise en valeur global et ambitieux afin de lutter contre la désertification.

De tout temps, le fleuve a servi de refuge, soit pour échapper aux exactions maures qui poussaient leurs incursions jusqu’à 100 km à l’intérieur du Sénégal, soit pour fuir la sécheresse. Les mêmes ethnies vivent sur chaque rive et passent chaque jour le fleuve pour cultiver leurs terres, souvent séparées par les eaux ou suivre leurs troupeaux. Se trouvent rassemblés là, éleveurs, pêcheurs, agriculteurs Soninkés, Wolofs, Peuls, Toucouleurs, Sénégalais et Mauritaniens confondus. Les populations du sud de la Mauritanie se sentent très proches de celle du nord du Sénégal. Pour eux, la frontière, qu’il vaudrait mieux appeler, marche ou confins, passe là où l’éloignement force à ne plus pouvoir cultiver, ou bien là où les bêtes ne vont plus paître4. Cette situation illustre, comme souvent en Afrique, l’opposition qui existe entre la frontière à l’occidentale et la frontière africaine traditionnelle.

Constatant les rapports déjà conflictuels entre Maures et Halpulaar, les administrateurs français avaient essayé de faire du fleuve une limite au delà de laquelle les incursions maures ne pourraient se développer. Ainsi, le fleuve Sénégal n’est pas une frontière naturelle, mais administrative, que la France a fixée, (faisant prévaloir à ce moment là, la notion de frontière naturelle) par un décret du 8 décembre 1933 en tentant de respecter les droits coutumiers traditionnels des populations riveraines. Les frontières qui utilisent les cours d’eau suivent soit le talweg du fleuve, soit le bord d’une des rives. En ce qui concerne le fleuve Sénégal, le législateur français a choisi de faire passer la frontière sur la rive droite du bras principal, donc en Mauritanie. Les emplacements du bornage ont été marqués de façon imprécise, pour ne pas dire fantaisiste, laissant à qui voudrait aujourd’hui redéfinir avec précision un tracé définitif, un problème extrêmement délicat et tous les ingrédients de multiples frictions5.

Dès le début du XIXe siècle, il y a eu des tentatives d’aménagement, entre 1820 et 1830, avec l’expérience de Richard Toll (le « Jardin de Richard ») dans la vallée du Ferlo où un barrage a été construit qui permet de conserver au lac de Guiers un niveau d’eau suffisant pour irriguer des plantations de la SAED (Société d’aménagement et d’exploitation des eaux du Delta), de la Compagnie Sucrière Sénégalaise et approvisionner plus tard Dakar. En 1935 est créée la Mission d’études du fleuve Sénégal (MEFS) car les Français étudient déjà les aménagements possibles.

Décret du 8 décembre 1933, portant délimitation de la limite entre le Sénégal et la Mauritanie.

Le président de la République française

sur le rapport du ministre des colonies

Vu l’article 18 du senatus consulte du 3 mai 1854 ;

Vu le décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du gouvernement général de l’Afrique occidentale française ;

Vu le décret du 13 février 1904, portant modification des limites entre le Sénégal et la Sénégambie Niger ;

Vu le décret du 25 février 1905, portant délimitation du territoire civil de la Mauritanie et du Sénégal ;

Vu le décret du 4 décembre 1920, portant transformation en colonie du territoire civil de la Mauritanie, modifié par les décrets des 2 décembre 1924 et 30 mars 1925,

Décrète :

Article premier. Les limites entre la Colonie du Sénégal et la Colonie de la Mauritanie sont et demeurent déterminées de la façon suivante :

Par une borne à construire sur la côte de l’océan Atlantique, près de l’immeuble en ruine dit « maison Gardette », à 1 kilomètre environ au sud de la tuyauterie de pompage de l’usine de Salsal. De cette borne jusqu’au confluent du marigot S-E du village de Thiong et du marigot de Temedas, par la ligne la plus courte laissant l’île de Salsal au Sénégal. De ce confluent, par une ligne rejoignant la source du marigot de Mambatio et suivant la rive droite de ce marigot jusqu’au fleuve Sénégal (feuille Saint-Louis au 100 000è). Par la rive droite du bras principal de ce fleuve jusqu’au point situé au nord de l’embouchure de la rivière Falémé, l’île aux Bois appartenant à la colonie de la Mauritanie (feuille Saint-Louis au 1 000 000è et Bakel au 300 00è).

Article 2 : Le ministre des colonies est chargé de l’exécution du présent décret.

fait à Paris, le 8 décembre 1933

Albert Lebrun

Par le président de la République

Le ministre des colonies Albert Dalimier

Journal officiel de l’Afrique occidentale française, 27 janvier 1934, p. 69.

Depuis leur indépendance, en 1960, la Mauritanie, le Sénégal et le Mali ont poursuivi en ce sens et sont parvenus à faire de la gestion du fleuve un modèle unique de développement concerté, pris en exemple par beaucoup d’autres pays. Au moment de l’indépendance, la Mauritanie et le Sénégal n’ont pas remis en question le tracé de la frontière, et cela par souci de bonne entente et en vertu de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Malgré tout, la question reste en suspens et resurgit au gré des changements qui affectent le fleuve. En 1972, la Mauritanie avait assorti sa participation à une structure régionale à un accord sur le respect du tracé frontalier de 19336 et en 1975, la Mauritanie met en avant la non-abrogation explicite du décret du 25 février 1905 qui fixait les limites entre la Colonie du Sénégal et le territoire civil de la Mauritanie7. La MEFS est remplacée en juillet 1963 par le Comité inter-Etats et, en mai 1968, par l’Organisation des Etats riverains du Sénégal (OERS) qui comprend alors la Guinée, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. La Guinée se retire en 1971 et, le 11 mars 1972, est signée à Nouakchott, par les trois pays riverains, une convention8 relative au statut du fleuve.

Dans son article premier, la convention déclare le fleuve international, y compris ses affluents, et affirme dans ses articles suivants, la volonté des signataires de « développer une étroite coopération pour permettre l’exploitation rationnelle des ressources du fleuve Sénégal et garantir la liberté de navigation et l’égalité de traitement des utilisateurs » (article 2). L’article 11 stipule que les « Etats contractants conviennent qu’ils créeront un organisme commun de coopération qui sera chargé de veiller à l’application de la présente convention, de promouvoir et de coordonner les études et travaux de mise en valeur du fleuve Sénégal ». C’est ainsi donc qu’est créée, le même jour, dans la même ville, et par les mêmes acteurs, l’actuelle OMVS (Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal). Cette organisation comprend un Conseil des ministres qui en est l’organe de conception et de contrôle, un Haut Commissariat, organe d’exécution et une Commission permanente des eaux qui est « chargée de définir les principes et les modalités de la répartition des eaux du fleuve Sénégal entre les Etats et entre les secteurs d’utilisation de l’eau : industrie, agriculture, transport ».

Le programme de l’OMVS comprend la construction d’un barrage polyvalent sur le Baffing, à Manantali au Mali à quelque 1 100 km de Saint-Louis : à 23 km de là, est construit en même temps un autre barrage, celui de Diama. Le programme comprend aussi l’aménagement du lit du fleuve pour le rendre navigable sur 950 km entre Saint-Louis, aménagé en port fluvial et océanique, et Kayes, au Mali, également transformé en port. Sur cette distance, tout le long du fleuve, quelque 10 escales intermédiaires sont prévues. Les développements agricoles devraient permettre l’irrigation, grâce à la retenue de Manantali, de 8 000 hectares au Mali, 91 000 hectares en Mauritanie et 275 000 au Sénégal. La centrale hydroélectrique, qui entrera en fonction en 1996 à Manantali, d’une puissance installée de 200 MW, doit produire, selon la pluviométrie, entre 600 et 1 000 GWh d’électricité par an et régulariser les crues. Environ 12 000 personnes ont dû être relogées après la mise en eau du barrage et c’est l’USAID (US Agency for International Development) qui, pour un coût de $ 20 millions, a pris en charge cette opération. Quant à Diama, sa fonction première est d’empêcher la remontée de l’eau salée dans le fleuve (remontée qui allait jusqu’à 450 km par sécheresse), et de caler le niveau du fleuve en basses eaux9. Les deux barrages ont coûté 185 milliards de FCFA, dont 35 % en subventions et le reste en prêts10. Chaque membre de l’OMVS finance une partie des travaux en fonction de l’estimation de ses besoins à venir11 et dans le contexte d’extrême pauvreté qui caractérise les pays africains, ces besoins sont impérieux.

Prise en étau entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, en proie aux divisions internes et aux pressions externes à cause de la guerre du Sahara occidental, la Mauritanie endure une situation économique très difficile. Soumise depuis 1972 à la sécheresse, aux invasions de criquets et aux rats qui dévorent périodiquement cultures et stocks de grains, elle a besoin de créer un pôle de développement agricole, et c’est le fleuve qui lui fournit cette opportunité. La sécheresse pousse à la sédentarisation les populations nomades du nord, qui n’ont d’autre choix, pour tenter de survivre, que de s’agglutiner dans les banlieues de Nouakchott. Pour pallier cette urbanisation anarchique, le gouvernement décide de fixer les populations déplacées sur les nouvelles terres à irriguer le long du fleuve Sénégal, où, paradoxalement, la situation de sécheresse a frappé de plein fouet les populations du fleuve, moins résistantes parce que moins accoutumées à ce fléau. Le gouvernement signale des zones où la famine risque de sévir, et c’est tout l’équilibre d’une société très hiérarchisée qui se trouve ainsi perturbé.

Le Mali, un des pays les plus pauvres d’Afrique, lui aussi fragilisé par des années d’instabilité due à la révolte des Touaregs et à des tentatives successives de démocratisation brutalement réprimées, s’est doté en janvier 1992 d’un régime présidentiel basé sur le modèle français, et d’une constitution approuvée par référendum. Il n’a pas de littoral, et l’aménagement du fleuve, en plus du développement économique, lui donnera l’avantage nouveau de l’accès à la mer pour transporter, à un coût moindre mais surtout plus facilement que par la route ou le rail, les minerais de fer, de bauxite et de phosphate exploités dans le sud du pays. L’électricité produite à partir de la centrale de Manantali, qui pourra être servie jusqu’à Dakar, sera une source de développement et de revenus.

Situé à l’extrémité ouest du continent, le Sénégal n’a que peu de rivières, lesquelles sont soumises aux marées puisque le pays a 600 km de côte sur l’Atlantique. Dakar est un pôle d’attraction qui focalise toutes les attentions au détriment des autres régions. Le sud du pays est relativement bien pourvu en eau, alors que le nord a souffert de sécheresse au cours des 20 dernières années. Sous l’impulsion du président Senghor, puis du président Abdou Diouf, le Sénégal est depuis 30 ans un pays démocratique qui cherche à ménager les équilibres avec le monde arabe au nord tout en devant se garder au sud des déséquilibres provoqués par l’enclavement anachronique de la Gambie à l’intérieur de son propre territoire et des menaces récurrentes de l’irrédentisme casamançais. Dakar suit avec attention les développements en Mauritanie et ne désire pas du tout voir s’y installer un régime islamique dur. Comme ses voisins, Dakar doit également gérer une économie déficitaire et faire face aux tensions sociales qui se manifestent par un besoin de changement, devenu, sous le nom de « soppi », le slogan de l’opposition. Des élections auront lieu le 21 février 1993.

Dans ce contexte difficile et précaire, les contentieux qui opposent les trois pays riverains doivent être réglés ; il ne s’agit pas pour eux d’ajouter à des difficultés structurelles permanentes, des conflits qui les feraient basculer dans une situation politique ingérable. Leur situation extrêmement fragile et leur complémentarité rendent l’entente obligatoire. Dans cette optique, le Mali, sous la direction du président Moussa Traoré, alors président de l’OUA, servira de médiateur entre le Sénégal et la Mauritanie après les événements sanglants de 1989. Ces événements sont l’illustration de l’explosion qui survient quand, à des tensions millénaires, longtemps sous-jacentes et presque inconscientes, s’ajoutent des circonstances passagères qui exacerbent les passions et servent alors de détonateur. L’aménagement du fleuve revêt une importance considérable pour l’amélioration de la vie des populations riveraines et pour le développement de l’agriculture et de l’économie. Lien dans l’espace géographique, et trait d’union dans le destin de ces trois pays qui continuent de vouloir, malgré les différends, gérer globalement le développement du bassin, le fleuve est aussi devenu un lieu de confrontation entre riverains pour la possession des terres.

L’ACCUMULATION DES TENSIONS EN MAURITANIE

Il faut remonter loin dans l’histoire pour comprendre le lent processus qui conduit à l’explosion de 1989. Le problème lui-même ne se situe d’ailleurs pas au Sénégal, mais plutôt en Mauritanie où l’entente entre Arabo-Berbères et Noirs-Africains n’a jamais pu être trouvée12.

Dès le VIIIe siècle, les Arabes sont descendus vers le sud à la recherche de l’or qu’ils savaient situé au royaume du Ghana. Ils se sont heurtés là aux populations négro-africaines et les ont progressivement conquises et islamisées. Toute la rive droite du fleuve Sénégal était alors sous la domination des Berbères qui se sont métissés à partir du XVIIe siècle avec des Arabes descendus du nord. Les populations restées sur place étaient constituées surtout de Toucouleurs issus d’un métissage culturel réunissant des apports seerèr, peul (dont ils parlent la langue), arabo-berbère et sarakolé. Les Toucouleurs, devenus très musulmans, ont eux-mêmes par la suite entrepris de convertir les populations du sud. A cette époque les relations entre Maures et Halpulaar sont déjà conflictuelles, les populations noires s’opposent à la culture et à la langue arabes. Les razzias maures sont monnaie courante, mais elles ne sont pas de leur seul fait, car exploit guerrier, elles sont également pratiquées par des Noirs. Le facteur primordial qui a modelé les consciences est l’esclavage pratiqué par les Beidane (maures blancs) à l’encontre des populations noires du sud. L’esclavage, sous la pression du mouvement « El Hor », a été officiellement supprimé en Mauritanie le 5 juillet 198013 ; le terme « officiellement » laisse sous-entendre que, dans les faits, des traces de la traite ont pu perdurer. On dénombrait, au moment de la suppression de l’esclavage, 200 000 Haratine, (affranchis) et encore 100 000 esclaves. Même avec la liberté retrouvée, le sort des Haratine n’est pas facile : ils sont tiraillés entre leur nouvelle condition d’hommes libres et une longue habitude de soumission à leurs anciens maîtres. Beaucoup d’entre eux se sont engagés dans l’armée, entre 1974 et 1978 lors de la guerre contre le Front Polisario ; ils se sont retrouvés sans emploi et sans terre en 1979, une fois la Mauritanie retirée du conflit. C’est eux qui agiront sur ordre et serviront d’hommes de mains pour les exactions de 1989 contre les populations noires ou négro-mauritaniennes et pour les basses œuvres qui suivront. L’empreinte de l’esclavage reste inscrite dans les mémoires et nourrit la méfiance, côté noir, et le mépris, côté maure. A la méfiance et au mépris s’ajoute l’accusation d’arrogance faite par les Mauritaniens à l’encontre des Sénégalais, lesquels sont fiers des liens étroits tissés avec l’Occident, et la France en particulier. Avoir côtoyé les Français et fréquenté les écoles françaises, plus facilement, à cause de leur sédentarité, que les nomades, a permis aux Sénégalais et aux noirs mauritaniens d’obtenir de nombreux postes dans l’administration. Petit à petit pourtant, la politique d’arabisation, au profit des Beidane, leur a fait perdre ces emplois. A la veille de l’indépendance, plusieurs mouvements noirs de résistance s’étaient déjà organisés : l’Union des originaires de la vallée du fleuve, le Bloc démocratique du Gorgol, et l’Union nationale mauritanienne.

C’est donc dans un contexte de tensions latentes entre les diverses communautés que le gouvernement mauritanien va prendre dès l’indépendance, en 1960, des mesures qui vont donner à la communauté noire un sentiment à la fois d’écrasement et d’exclusion. En 1966, la langue arabe est rendue obligatoire dans l’enseignement secondaire, puis en 1968 elle devient langue officielle, aux côtés du français. Aussitôt des émeutes à caractère racial ont lieu à Nouakchott. Par ailleurs, le choix de participer ou non à différentes organisations internationales démontre la volonté du gouvernement mauritanien de nouer des liens plus solides avec le monde arabe. En 1965 il refuse d’adhérer à l’Organisation commune africano-malgache (OCAM), en 1973 il sort de l’Union monétaire Ouest-Africaine (UMOA) et donc de la zone franc en créant en même temps sa propre monnaie, l’ouguiya. La même année, il adhère à la Ligue arabe, en 1983 il adhère au « Traité de fraternité et de concorde » conclu entre Alger et Tunis, et, en 1989 à l’UMA (Union du Maghreb arabe). Profitant de la guerre au Sahara occidental, deux tendances, l’une nassérienne proche de la Libye14, soutenant le Front Polisario, l’autre baasiste d’obédience irakienne15, proche du Maroc, lequel a longtemps revendiqué le territoire de la Mauritanie comme faisant partie du « Grand Maroc », vont contribuer à déstabiliser le pays et à renforcer la tendance à l’arabisation en prenant progressivement le contrôle de nombreux postes dans l’administration. Certains de leurs membres obtiennent des positions clés, notamment dans l’armée et dans la police, d’autres sont envoyés au sud pour veiller à la mise en œuvre des nouvelles directives concernant l’aménagement du fleuve. Le gouvernement prend, à ce moment là, prétexte de la proportion plus importante de Maures blancs dans la population pour octroyer ces postes, mais le taux de croissance démographique plus rapide des Noirs a dû depuis renverser les tendances. Le fait que les résultats du dernier recensement datant de 1987 n’aient jamais été publiés laisse penser que la sous-représentation des Noirs dans les instances dirigeantes n’est plus justifiable par leur moindre importance numérique16.

En réaction, les Négros-Africains s’organisent. En 1966, paraît le Manifeste des Dix-Neuf, rédigé par des hauts fonctionnaires noirs qui dénoncent l’emprise des Maures sur l’Etat. En 1984, trois partis de cadres et d’intellectuels noirs fusionnent pour créer le Front de Libération des Africains de Mauritanie (FLAM), qui publie en 1987 le « Manifeste des Négros-Africains Opprimés ». Le gouvernement réagit fermement et limoge de nombreux cadres noirs. La même année, le 22 octobre, un complot fomenté par des officiers toucouleurs, proches du FLAM, et qui voulaient proclamer une « République du Walo » est découvert et suivi de 3 condamnations à mort et d’emprisonnements, dont 4 mortels. Les putschistes protestaient contre la dépossession par les Maures de leurs terres dans la vallée du fleuve. Aujourd’hui le président du FLAM réside à Dakar et préconise le fédéralisme pour la Mauritanie17. Le problème de la frontière se pose à nouveau en 1989, lorsque le Sénégal, devant la gravité des événements, demande que le tracé soit effectivement redéfini sur les bases du décret de 1933. Le président Diouf déclare : « Chaque pays a besoin d’une identité politique, juridique, territoriale. Je sais où je finis au sud, à l’est, à l’ouest. Il faut que je sache où est ma frontière nord. Je ne demande que l’application stricte du principe de l’OUA sur l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation » 18.

De son côté, le gouvernement mauritanien est conscient des effets déstabilisants des divers courants activistes. Le président Ould Taya, en homme prudent, tente de dégager son gouvernement des politiques jusqu’au-boutistes arabes et négro-mauritaniennes. Plusieurs procès à l’encontre des tendances baasistes et nassériennes ont eu lieu en 1984 et 198819. En 1992, l’Irak reste toujours un allié. Pendant la guerre du golfe, la Mauritanie soutiendra Saddam Hussein, alors que le Sénégal sera le premier pays africain à envoyer un contingent et aura plusieurs morts.

La réforme foncière et ses conséquences

C’est en 1983 que le gouvernement mauritanien fait paraître le texte de sa réforme foncière, sous la forme de l’ordonnance 83-127 du 5 juin 1983, dont le dernier décret d’application date du 31 janvier 1990.

 

Article premier.- La terre appartient à la nation et tout Mauritanien, sans discrimination d’aucune sorte, peut, en se conformant à la loi, en devenir propriétaire, pour partie.

 

Art. 2.- L’Etat reconnaît et garantit la propriété foncière privée qui doit, conformément à la Chariâa, contribuer au développement économique et social du pays.

Art. 3.- Le système de la tenure traditionnelle du sol est aboli.

Art. 4.- Tout droit de propriété qui ne se rattache pas directement à une personne physique ou morale et qui ne résulte pas d’une mise en valeur juridiquement protégée est inexistant.

(…)

Art. 6.- Les droits légitimement acquis sous le régime antérieur, préalablement cantonnés aux terres de culture, bénéficient à tous ceux qui ont, soit participé à la mise en valeur initiale, soit contribué à la pérennité de l’exploitation.

L’individualisation est de droit. A défaut d’accord sur le partage, et si l’ordre social l’exige, les opérations de redistribution seront réalisées par l’Administration. (…)

Art. 9.- Les terres mortes sont la propriété de l’Etat. Sont réputées mortes les terres qui n’ont jamais été mises en valeur ou dont la mise en valeur n’a plus laissé de traces évidentes. (…)

Avec ces dispositions, un changement complet va s’opérer ainsi dans la vallée. On passe d’une gestion traditionnelle, collective parce que familiale, à une gestion privée, individualisée. Les terres appartiennent à la Nation et c’est l’Etat qui les distribue. Si son principal souci est bien de rentabiliser une économie agricole terriblement déficitaire, le gouvernement veut également désengorger des villes où s’entassent des nomades maures, poussés par la sécheresse et donner des terres aux Haratines. La première application de cette loi se fait le 10 mai 1988, par un arrêté du préfet de Boghé qui attribue à des Beidane 9 lots de terrains sans tenir compte des droits coutumiers des premiers occupants. La mobilisation des agriculteurs est immédiate et les tensions se développent. Pour tenter de calmer les esprits, les gouverneurs de Saint-Louis, pour le Sénégal, et de Rosso, Aleg, Gorgol pour la Mauritanie, mettent sur pied, à Aleg, une commission mixte chargée de recenser et reloger les intéressés. Ils réaffirment la libre circulation des biens et des personnes et engagent une série de tournées explicatives que Nouakchott arrêtera brutalement.

Au Sénégal, ce sont les communautés rurales, en vertu d’un décret du 4 juin 1987, qui attribuent les parcelles de terre (périmètres irrigués villageois, PIV)20. Elles ne le font qu’aux seuls ressortissants de la communauté en jouant, dans la mesure du possible, la participation des paysans au développement de la culture irriguée. En Mauritanie, alors que l’aménagement du fleuve aurait dû améliorer la vie quotidienne, il le transforme au contraire en un espace de confrontation, générant une situation inextricable : population noire sénégalaise et Halpulaar contre Beidane ; cultivateurs mauritaniens contre Sénégalais traditionnellement implantés ; populations forcées de quitter leur terre à cause de la sécheresse, mais qui reviennent attirées par des perspectives meilleures et se trouvent supplantées. Les complémentarités entre éleveurs et pêcheurs/agriculteurs volent en éclat et l’explosion survient, violente, le 9 avril. Le Mali ouvrira les vannes de Manantali pour faire remonter le niveau des eaux et séparer ainsi les belligérants21, démontrant l’utilisation, pacifique cette fois, qu’il peut faire de sa position en amont du fleuve. Le 21 avril 1989, l’ambassadeur du Sénégal est déclaré persona non grata. Les exactions ne s’arrêteront pas là : pendant plusieurs mois, les Noirs installés sur la rive gauche du fleuve sont chassés de l’autre côté et leurs papiers d’identité confisqués. Ces expulsions, souvent accomplies dans la violence, sont exécutées méthodiquement par l’armée et la gendarmerie. La Mauritanie masse des troupes à la frontière. Du côté sénégalais, le dispositif est moins important, mais suffisamment dissuasif.

Tous les commentateurs s’accordent pour reconnaître la rapidité avec laquelle la Mauritanie agit dès le 29 avril : les directives diplomatiques sont immédiatement données, les tracts et documents divers sont largement distribués, la campagne médiatique est bien orchestrée ; le 4 mai l’ambassadeur mauritanien à l’ONU prend à parti son homologue sénégalais qui ne sait que répondre. A Dakar, l’attitude est plutôt à l’effacement, comme si le gouvernement était surpris et pris de court. Il faudra attendre le 9 mai pour que le président Diouf demande l’arbitrage de l’OUA et le 10, celui du Mouvement des non-alignés, auquel la Mauritanie et le Sénégal appartiennent. Pendant plus de trois ans, les deux gouvernements, conscients pourtant de la nécessité de trouver une issue pour éviter le déclenchement de la guerre, ne se parleront que par l’entremise du Mali, de la Guinée ou de la Gambie. Le 17 janvier 1990 le président Diouf assure ne poser aucun préalable au règlement du conflit, même pas celui de la frontière mais refuse de l’occulter, comme le fait Nouakchott. A nouveau, le 23 mai, le président sénégalais se dit prêt à rencontrer son homologue mauritanien, mais fait part en même temps de son inquiétude face à la possible installation de missiles irakiens en Mauritanie. En fait, Bagdad demandait la possibilité d’utiliser une partie du désert au nord d’Akjoujt pour des tests. La France et les Etats-Unis dissuaderont la Mauritanie de ses velléités en mettant en jeu leurs aides financières22. Le 13 juillet 1990, les liaisons téléphoniques et les télex sont coupés unilatéralement par la Mauritanie. Mais en parallèle, l’OMVS continue ses réunions techniques : une session ordinaire se tient à Bamako, du 10 au 12 juillet, pour examiner l’état d’avancement des travaux et les questions financières.

ET MAINTENANT ?

Il va falloir gérer et faciliter le retour des populations « déguerpies », dédommager et recaser les expulsés, redonner aux mêmes personnes les emplois perdus, expliquer les changements fonciers, trouver les moyens pédagogiques susceptibles de faire comprendre les nouvelles méthodes d’irrigation et de culture. Il va falloir que la Mauritanie prenne des mesures claires pour assurer l’équilibre entre populations noires et maures, et pour cela, publier les résultats du recensement de 1987. Il va falloir que les deux pays acceptent l’arbitrage, peut-être contraignant, d’une instance internationale pour la délimitation de la frontière. Bref, il faut lentement faire renaître la confiance et rattraper les trois années perdues.

Trois années qui ont fortement retardé les travaux d’aménagement du fleuve. Les coûts sont révisés à la hausse. L’OMVS reprend ses consultations le 24 août 1992, à Nouakchott et doit faire face à de nombreux problèmes laissés en suspens ou générés par le conflit : aménagement, pour plaire au président Ould Taya, d’une ligne à haute tension (Matam-Ciré-Kaédi) sur cent kilomètres le long de la rive droite, alors qu’elle devait passer à moindre coût sur la rive gauche ; approbation du volet énergie qui s’élèvera à 420 millions de dollars ; examen des arriérés des trois pays.23 En 1991, le budget du Haut commissariat était de 595 millions de francs CFA et 655 millions de francs CFA pour les structures d’exploitation des barrages24. Il faut maintenant à l’OMVS trouver 200 milliards de francs CFA pour la réalisation de la centrale de Manantali et tous les aménagements initialement prévus. Les bailleurs de fonds restent d’accord pour accorder les prêts nécessaires, mais exigent la reprise rapide des travaux dans des conditions normales (à cause de la fermeture de la frontière, les techniciens et ingénieurs ont dû faire leurs allées et venues par avion en passant par Bamako ou Banjul). Parmi les nombreux prêts, la CCCE25 a assuré l’aménagement agricole de 2 200 hectares en Mauritanie à 100 km au nord du fleuve26. En octobre, la Banque islamique de développement accorde un crédit de 197 millions de francs CFA pour la réinsertion, au Sénégal, des Sénégalais chassés de Mauritanie. Ces aides sont économiquement bienvenues, et elles contribuent aussi à faire baisser les tensions en améliorant les conditions de vie.

Indépendamment de l’impératif financier, les deux gouvernements multiplient les gestes d’apaisement. Les relations diplomatiques sont rétablies en avril 1992, la frontière est réouverte le 9 mai. Le président Diouf demande au FLAM de cesser ses activités armées. Une commission conjointe mauritano-sénégalaise est créée le 18 juillet 1991 pour mettre au point les mécanismes de restitution des biens confisqués et d’indemnisation des victimes. On pense même créer des jumelages de villes-OMVS. Mais les populations mauritaniennes expulsées ne peuvent toujours pas rentrer chez elles ; l’installation des quelque 60 000 Mauritaniens réfugiés qui vivent dans des camps sur la rive gauche du fleuve est précaire, malgré les projets agricoles animés par le gouvernement sénégalais et les nombreuses aides extérieures, surtout françaises. Leur présence représente le point le plus immédiatement sensible entre les deux pays. Interdits de séjour chez eux, ils mènent des expéditions punitives en Mauritanie, souvent d’ailleurs simplement pour tenter de récupérer leurs biens ou ceux de leurs proches avec tous les dangers que cela comporte dans une zone très surveillée par l’armée mauritanienne. L’armée sénégalaise, de son côté, essaie d’empêcher ces incursions, mais la tâche est difficile, et ses tentatives sont souvent inefficaces ou mal interprétées. La frontière est d’abord réouverte en un seul point à Rosso ; les autres points de passage font l’objet d’un recensement. Un nouveau gouvernement est formé, en avril, à Nouakchott, dans lequel figurent trois ministres noirs et un ministre appartenant à la tendance baasiste, celui de l’alphabétisation. En juillet 1992, le Premier ministre mauritanien, Sidi Mohamed Ould Boubacar, annonce que tous les Mauritaniens sont libres de rentrer chez eux et que des instructions ont été données à l’ambassade à Dakar pour faciliter le retour de ceux qui le souhaitent27.

Il serait trop simple de ramener le conflit à la seule opposition entre noirs et blancs, d’autant que des heurts ont également lieu entre populations noires, justement pour la possession des nouvelles terres, et que des alliances d’intérêt bien compris se sont nouées passagèrement entre Beidane et Halpulaar. Certains ont analysé le conflit sénégalo-mauritanien non comme un conflit inter-étatique ou inter-ethnique, mais comme une poussée du Maghreb vers le sud28. D’autres ont fait remarquer que le Sénégal a eu à gérer en même temps plusieurs situations épineuses, dont la simultanéité n’est peut-être pas le fruit du hasard : le rejet par la Guinée Bissau de l’ordonnance du 2 mars 1990 de la Cour internationale de justice à propos de la sentence arbitrale du 31 juillet 1989 concernant la délimitation de sa frontière maritime avec le Sénégal ; la réclamation par le président gambien de la présidence de la confédération sénégambienne en contradiction avec les accords conclus auparavant. Si l’on ajoute à tout cela les troubles en Casamance, il est certain que le président Diouf a fort à faire et a tout intérêt à résoudre le conflit avec la Mauritanie.

Résoudre le conflit impose de reprendre les problèmes à la base, en gardant en mémoire ce que pourrait être un conflit délibérément ouvert entre les deux pays. Le Sénégal n’a aucune intention belliqueuse, d’autant plus qu’il a plutôt subi que conduit les événements. Il va lui falloir pourtant faire preuve d’une grande patience et d’un excellent doigté politique. La question épineuse reste celle de la délimitation de la frontière, qui pourrait être un abcès de fixation dès l’apparition de la moindre difficulté. Un tel cas surgira forcément, car les transformations engendrées par la construction des barrages déstabilisent une société : les gains ne sont pas assurés et les avis divergent toujours sur les conséquences positives ou négatives de ces grandes constructions. Par ailleurs, la volonté de faire du fleuve une frontière figée est-elle compatible avec une tradition qui en fait au contraire un espace de rencontre, de mélange et d’échange, renforcé encore par le statut international du fleuve ? La crise très grave qui a eu lieu n’était pas une bataille de l’eau, mais une bataille pour la terre que l’eau rend enfin plus facilement habitable. Il faut souhaiter, et les événements ont montré malgré tout que cela pouvait se faire, que les structures de concertation, mises en place en 1972 par l’OMVS, restent, même au plus fort des conflits, des lieux de dialogue et de concertation.

BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE

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Notes:

 

1 On trouvera une relation minutieuse de ces événements dans Jeune Afrique, n° 1491, 2 août 1989 et dans Etudes polémologiques, n° 3 1989.

2 Marchés tropicaux, 20 mars 1987 et ONU, série eau n° 20, 1990, numéro de vente F.90.II.A.10.

3 ONU, série eau n° 20, p. 250.

4 Voir le Projet de recherche sur le rôle des problèmes frontaliers dans la paix et la sécurité en Afrique, publié par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, Lomé 1992.

5 Voir Michel Foucher, Front et frontières, Paris, Fayard, 2e éd., 1991.

6 Sophie Bessis, Le Monde diplomatique, juillet 1989.

7 Le texte du décret du 25 février 1905 se trouve dans Jean Devisse, A. Ba, C. Bernard, B. Bougerol, « Fleuve Sénégal : la question frontalière », Afrique contemporaine, n°154, 1990. Voir aussi dans le même numéro, Jean Schmitz, « Le Fleuve Sénégal : ligne de front ou voie de passage ».

8 ONU, op. cit.

9 ONU, série eau n° 20, 1990, pp. 229 et 250. On trouvera une étude très détaillée dans Joseph-Roger de Benoist, « OMVS un avenir pour le fleuve Sénégal », Marchés tropicaux et méditerranéens, 20 mars 1987, pp. 677-688.

10 Marchés tropicaux et méditerranéens, 22 février 1991.

11 Jeune Afrique, n° 1491, 2 août 1989.

12 Voir Christian Santoir, « Le conflit mauritano-sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la haute vallée du Sénégal », Cahiers des sciences humaines, n° 26, 1990.

13 C’est également cette année-là qu’est prise la décision d’appliquer la Chariâa. En 1848, la France avait décrété la libération des esclaves.

14 La présence libyenne entraîne plusieurs décisions de coopération entre Tripoli et Nouakchott : une commission mixte mauritano-libyenne conclut en mai 1972 un accord commercial ; en juin 1972 création d’une banque mixte, la Banque arabe-libyenne-mauritanienne pour le commerce extérieur et le développement. Cf Tony Hodges, Sahara occidental : origines et enjeux d’une guerre du désert, l’Harmattan, 1987.

15 Sur l’influence irakienne, voir « Mauritanie : les amis de Saddam », Africa confidential, 11 février 1991, p. 6.

16 Les estimations suivantes sont données par Le Monde du 6 mars 1992 : 40 % de Haratine, 30 % de Beidane, 30 % de Négros-Africains. Voir également les projections faites sur la population rurale en 1990, dans Christian Santoir, art. cit., p. 566.

17 Marchés tropicaux et méditerranéens, 29 mars 1991.

18 La Croix, 20 janvier 1990.

19 Le Monde, 28 avril 1984, 19 décembre 1984, 12 septembre 1988, 12 et 16 septembre 1988.

20 Les paysans cultivent deux espaces différents : le Walo, zone irriguée par les crues le long du fleuve ; le Jeeri, au-delà du Walo, espace qui n’est irrigué que par les pluies.

21 Cité par M. Foucher, op. cit.

22 Africa confidential, art. cit.

23 Marchés tropicaux et méditerranéens, 4 septembre 1992.

24 Marchés tropicaux et méditerranéens, 1er mars 1991.

25 Caisse Centrale de Coopération Economique, devenue en 1992, la CFD, Caisse française de développement.

26 Marchés tropicaux et méditerranéens, 28 août 1992.

27 Entretien, Jeune Afrique, 16-22 juillet 1992.

28 Voir Jean-François Bayart, « Un conflit tectonique : la crise sénégalo-mauritanienne », La Croix, 6 septembre 1989.

Source:institut-strategie.fr

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