En 1989, des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens ont été expulsés vers le Sénégal et le Mali, suite à un incident entre Peulhs et Soninkés. Trente ans plus tard, Aldiouma Cissokho et d’autres continuent de réclamer leur droit à rentrer chez eux.

Cette semaine nous allons feuilleter une page d’histoire d’Afrique de l’ouest assez méconnue. Une histoire très contemporaine, pourtant, puisqu’elle nous ramène seulement trente ans en arrière.

En 1989, la Mauritanie décide d’expulser des noirs pourtant ressortissants mauritaniens vers le Sénégal.
Depuis 30 ans, ces réfugiés qui se considèrent « déportés »  se battent pour la reconnaissance de leurs droits, notamment celui de rentrer chez eux.

Au départ, un incident assez bénin

Tout a commencé en avril 1989 par un accrochage entre des paysans sénégalais soninké et des bergers peulhs mauritaniens, à Bakel, dans l’Est du Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie et le Mali

L’armée mauritanienne intervient, deux Sénégalais sont tués, une douzaine d’autres sont arrêtés par l’armée mauritanienne et c’est là que les choses dérapent.
Au Sénégal, des manifestations sont organisées en solidarité avec les compatriotes qu’on estime « pris en otage » en Mauritanie.
Des manifestations qui virent rapidement à l’émeute.
Des boutiques tenues par des Mauritaniens sont pillées, à Bakel, et, entre le 21 et le 24 avril, à Dakar.
Ceci provoque en retour des représailles, en Mauritanie, contre des commerçants sénégalais victimes aussi de pillages.
Fin avril, entre 150 et 200 noirs sont tués ou mutilés dans ces violences, à Nouakchott et d’autres villes.
Côté mauritanien, une soixantaine de victimes sont recensées, mais des milliers de personnes sont obligées de fuir.
Le président sénégalais, Abdou Diouf, décrète l’état d’urgence et le couvre-feu à Dakar. Il charge aussi l’armée de protéger les ressortissants mauritaniens.
Un pont aérien est mis en place, avec l’aide de l’Algérie, de l’Espagne, du Maroc, et de la France, pour rapatrier les Sénégalais de Mauritanie. Les ressortissants mauritaniens doivent eux aussi quitter le Sénégal pour rentrer dans leur pays d’origine.

Expulsions de masses

Mais le régime mauritanien  en profite pour expulser environ 60 000 noirs mauritaniens vers le Sénégal et le Mali.
Le Sénégal et la Mauritanie n’auront plus de relations diplomatiques entre le 21 août 1989 et avril 1992, trois ans plus tard.

On en parle avec le représentant d’une association de ces Mauritaniens expulsés, basée à Dakar : Aldiouma Cissokho, qui préside le Mouvement des réfugiés mauritaniens pour la défense des droits de l’Homme.

Source.dw.fr

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