Après 50 ans, tout homme s’attend à apprendre le décès de son père écrit Dany Laferrière, écrivain haïtien et membre de l’Académie française. C’est un grand-père que l’Afrique et, au-delà, le pays littérature pleurent aujourd’hui. Nous devons être nombreux à avoir le coeur lourd ce matin. Cela est particulièrement vrai pour les gens de ma génération. Ceux de l’entre deux. Plus très jeunes. Pas encore trop vieux.

Pas sûr que les « générations suivantes » aient connu autant que nous Monsieur Bernard Dadié. Hélas! Après Seydou Badian il y a quelques mois, Mongo Béti et Hampaté Ba il y a plus longtemps, nous avons l’impression qu’une époque s’achève et, c’est le cas de le dire, qu’une page se referme. La disparition de ces figures ne nous touche pas seulement parce qu’ils étaient de grands hommes. Nous sommes tristes également parce que, confusément, nous sentons que ce sont les nôtres et qu’ils sont des nôtres. Nous n’avons pas attendu une consécration venue de l’étranger pour les aimer. C’est nous qui les avons consacrés. Qui,dans sa classe à l’équipement spartiate, n’a étudié un texte de Camara Laye, de Mongo Beti, Cheikh Hamidou Kane, Ferdinand Oyono, Chinua Achébé,…Bernard Dadié? Qui, à l’évocation de ces noms, n’a repensé avec émotion à un vieil instituteur (on disait maître)? Quand l’un d’entre eux tire sa révérence, c’est aussi à nous que nous pensons. Bernard Dadié rappelait ces vieux grands-pères que l’on a fini par croire immortels à force de longévité et qui nous ont accompagnés si longtemps. Même lorsqu’ on s’y attend, quand l’inéluctable advient, on n’en est pas moins triste.  » On peut se préparer au deuil. Pas à la tristesse ». Adieu Climbié. Repose en paix.

A lire également

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *