Hawa Mamadou Dia, membre du collectif des orphelins des victimes civiles et militaires (COVICIM), membre de COVIRE II : ‘’La journée dite de réconciliation nationale est un non événement’’

Votre papa, soldat de 2e classe, Dia  Mamadou  fait partie des victimes militaires  de la répression des années 90 -91. On imagine que ça n’a pas été facile  votre enfance?

Hawa Mamadou Dia : Permettez-moi, pour commencer  par redresser  une erreur qui s’est glissée dans un article publié sur votre site, à propos de mon père: je suis orpheline du soldat de 2e classe  Mamadou Dia, exécuté  par ses frères d’armes à Jreida;  je suis  vice-présidente du collectif des orphelins des victimes civiles et militaires (COVICIM) des évènements survenus en Mauritanie, entre 90-91.

 

Comme vous le savez, une enfance sans papa n’a jamais pas été facile. Je n’ai pas bénéficié de la chaleur paternelle, mais j’ai profité de celle de ma mère, celle  de ma grand-mère maternelle  et d’un père adoptif  qui se sont  battus comme des lions  pour que rien ne me manque, pour combler le vide qu’a laissé mon papa, pour que je ne sente pas ce vide préjudiciable à mon épanouissement. Grâce à eux, j’ai pu aller à l’école.

Pour autant, je continue à souffrir de l’absence de ce père dont  on m’a privé, dont on a ôté la vie à cause de la couleur de sa peau. Une couleur que j’ai eu malheureusement  à constater  à travers  sa photo.

 

Votre combat a abouti à  l’instauration d’une journée de « réconciliation  nationale » et  quelques réparations. Six ans se sont déjà passés. Quel bilan vous tirez  de cette journée que vous célébrez en ce 25 mars ?

-On ne célèbre jamais la journée du 25 mars mais on la commémore. Le chef de l’Etat Mohamed Ould  Abdel Aziz et son organisation de commerce sont partis à  Kaédi faire leur petite prière dite prière  des absents et c’est suite aux retrouvailles dans la capitale du Gorgol, le 25 mars qu’ils ont décrété cette journée de réconciliation  entre les victimes et le gouvernement mauritanien. Le bilan que je  tire de cette journée est qu’Aziz a eu ce qu’il voulait ;   il a trompé certaines  victimes de son organisation et peut se vanter d’avoir réglé le problème des victimes qui ont accepté de  pardonner. Personnellement,  je ne tire aucun bilan  de cette journée du 25 mars, je dirai même  que c’est un non évènement.

 

Etes-vous  satisfaite  du déroulement du règlement du passif humanitaire ?

Jen’ai-Je n’ai jamais été satisfaite du règlement du passif humanitaire  pour la bonne et simple raison que le président  Ould Abdel Aziz  a trahi l’accord  entre lui et mère Houleye Sall,  la présidente des veuves. En effet, lors de la  première audience accordée à  la Présidence de république,  j’étais présente, mère Houleye a demandé au président de faire quelque chose  pour les victimes des années de  répression ( veuves, ayant-droits,  rescapés, orphelins)  à la recherche de la reconnaissance des actes commis dans les casernes,  et  le mot qu’elle a prononcé, c’était une aide financière mais Aziz et son  organisation de commerce ont transformé  cette requête   en  un protocole d’accord dont personne ne connaît  le contenu. Selon diverses rumeurs, il semble qu’il y est mentionné  que tous ceux qui acceptent les réparations financières ont pardonné de facto leurs morts, c’est ce qui a été fait malheureusement,  je ne veux même pas en parler, ça fait  mal au cœur.

Propos recueillis par DL

Sourece:lecalame.info

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