On ne parle pas pour dire nécessairement quelque chose. On parle aussi pour faire de l’effet. Partant de ce principe, on peut affirmer aussi qu’on ne s’habille pas seulement pour être beau. Même un jour de fête! Le vêtement est aussi un message. C’est une enveloppe. Le rôle politique de l’habit en Afrique est une évidence.

Sekou Touré n’avait-il pas demandé au peuple de Conakry de recevoir de Gaulle en tenue africaine ? Ce « détail  » avait aidé à tordre le coup à la thèse suivant laquelle Mandjou aurait décidé son fameux non sur un coup de tête pendant son discours d’accueil. Plus près de nous, le président mauritanien réussit un sacré coup de com en s’habillant en caftan façon Macky Sall, IBK, Driss Déby, Mohamadou Issoufou. Preuve qu’il ne s’habille pas en « mode toucouleur ». Pour le natif de Kaedi, les caftans nouvelle coupe rappelleraient vaguement les Soninkés de « chez Pali Kaba  » comme on les appelait communément. Mais l’essentiel n’est pas là. Le fait même que la tenue du Président fasse l’événement et donne lieu à décryptages et interprétations politiques en termes de clin d’oeil prouve, s’il en était encore besoin, à quel point les communautés mauritaniennes sont cloisonnées et étanches les unes aux autres. Le fait reflète également la perception des rapports de domination dans le pays et leur intériorisation. Une femme haalpulaar revêt une melfa ? On crie, souvent à juste titre à l’assimilation , au mimétisme à la déculturation. Le président se drape dans un caftan? Il est suspecté de draguer la communauté negro-africaine ou une partie de celle -ci.
« Dans une manière de voir se projette une manière d’être » disait le philosophe.

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