A l’image de tous les réfugiés de la planète, les réfugiés mauritaniens survivant au Sénégal ont un pays: la Mauritanie. Pays dont ils ont été déportés et non expulsés. Les mots ont un sens. Et la confusion des sens est rarement anodine. « Offrir » à ces malheureux l’accession à la nationalité du pays d’accueil peut relever de la bienveillance ou d’impératifs de gestion. Ce type d’offre peut acter une démission définitive des autorités nationales ou des instances internationales.

L’ancien président Abdou Diouf, dont le courage ne fait pas partie des qualités, avait, dans les années 90 demandé aux Mauritaniens fraîchement déportés de leur pays de « rejoindre leurs familles » au Sénégal. Faute politique! Diouf confortait la conviction des artisans des déportations que les victimes n’étaient tout simplement pas des Mauritaniens .Ce qui, évidemment, était plus faux que faux et moins vrai que vrai et le reste. Pour un réfugié, renoncer à sa nationalité d’origine, c’est mourir une seconde fois. C’est acter que tout espoir est éteint, que les champions du déni ont gagné. Et cela est inconcevable.

Il fut un temps où certains responsables politiques israéliens répondaient à la revendication d’État palestinien par: l’État palestinien? Il existe déjà. Il s’appelle la Jordanie. Comparaison n’est pas raison. Mais pour certains Mauritaniens, et pour les structures qui les hébergent, les Negro-Mauritaniens ont leur État. Il s’appelle le Sénégal. Sans le vouloir évidemment, les partisans de la naturalisation des réfugiés donnent raison à ceux-là. Par dépit, démission ou générosité. Qui a dit que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?

Tijane BAL

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