Les anthroponymes d’origine wolof sont extrêment nombreux. La plupart d’entre eux se retrouvent dans les groupe socio professionnels des subalbé ou pêcheurs et des sébbé ou guerriers. Les subalbé en majorité se nomment Gaye , Faal , Diop , Mbodj , Guéye , Diack , Dieye , Niang , Wadd alors que les noms d’origine soninke (Konté , Bathily, Sumaaré) et peul (Bah, Soh, Sall , Thiam) sont très rares. Les anthroponymes sereer ( Saar, Ndiaye , Ngom, Thioubou , Diouf, Tine) sont majoritairement les subalbé. Au demeurant, ce sont les Saar qui fournissent toujours les doyens des subalbé. Les titres portés par leurs dignitaires sont Diaaltaabé, Teigne ,Dumel, Diagodin.
La majorité des groupes des sébbé est d’origine wolof, en particulier ceux de Nguenaar : Niang, Faal, Diop, Diack, Ndiaye, Dieng. La plupart des grands farba du Fuuta (Farmbaal, FarbaWaalaldé, Farba Erem, Farba Ndioum, etc..) sont des Wolof d’origine.


Parmi les sébbé les plus notables du Fuuta, on peut citer les farba de Waalalde descendants de Biram Mbagnick comme la plupart des Dieng du Jolof, du Kajoor et du Fuuta. Ses descendants sont les chefs du Laaw avec le titre de Dyalaw Saré Ndiougou dans le diéri des Halaybé Sammayel Biram Mbagnick avec le titre de Diaafando, a le privilège d’accorder l’asile politique à tous les réfugiés et à tous les persécutés. C’est de lui que descendent aussi les Wane de Mboumba, de Kanel et de Wan-Wan et les Dieng de Saadel qui sont devenus des toorobbé. L’expansion de l’Islam a favorisé la « toorodisation » de bon nombre de ces populations d’origine wolof, même si la majorité est restée Thiouballo ou Thiédo .
L’influence des Wolof est importante car ils sont les voisins occidentaux et méridionaux du FuutaTooro. Ils ont vécu pendant longtemps au contact des Sereer et des Fulbe, d’abord au sein de l’empire du Ghana. Ce sont eux qui, sans doute, peuplaient Senghana et Awlil au XIe siécle. Ils étaient les voisins les plus proches des Gdalla. Malgré la pression berbère et hassan, qui les a refoulés plus vers le sud, leur impact sur le terrain se traduit se traduit par la multiplicité des toponymes commerçant par Téne, tin (le puits) et par wa (ceux de) : comme dans Téne-Mohamed, Téne-Wa–Ghaimil, Téne-gadoum et Téne-Bouyali dans l’Amechtil ; Téndegh-Ma-Djek- Téndegemi, Téndeg-Fadma dans l’Iguidi, etc.
Si l’arc hydrographique Guiers-Taouey-Khomak et R’Kiz constitue la limite théorique entre Fulbé et Wolof, il va sans dire qu’il a été franchi de part et d’autre par les deux peuples. C’est ainsi que le milieu du XVe siècle est marqué par l’expansion du Jolof aux dépens du Fuuta, du Nammandiru ou Ndiarmeew et du Saalum, sous le règne de ThiouklyDjiglaaneNdiaye . Ce souverain a partagé le Fuuta entre les farba qui administraient les différentes provinces au nom du Bourba et prélevaient sur les populations un tribut en nature (bestiaux, mil.) Cette politique n’est assurément pas étrangère aux migrations des Fulbé du Fuuta vers le sud et le Sahel au milieu du XVe siècle
A la suite de la conquête du Fuuta par Koli sur les faren et les farba, ces derniers ont été associés à nouveau au pouvoir deeniyanké qui mit à profit leur force militaire non négligeable.
La conquête deeniyanké, ayant beaucoup contribué au processus de dislocation du Diolof, a fourni au Satigi l’occasion de prendre sa revanche sur le Bourba, grâce à son intervention dans le conflit qui oppose le Bourba au Damel.
Il a même donné asile à une branche de la famille royale du Diolof chassée du pouvoir ; il l’a installée à Hooréfoondé où elle fournit les chefs de village avec le titre de Bumuy ou Bummudi et où elle gère de vastes kolaadéwaalo.
Etudiant les Wolofs, Faidherbe va jusqu’à écrire « Ce qui est certain, c’est que les Wolofs occupèrent d’abord la plus grande partie du Fuuta et un vaste territoire sur la rive droite (Ganar). Le Cayor était alors occupé par les Socé (Malinké) ; l’invasion peule fit refluer les Wolofs du Fuuta vers l’ouest.
L’invasion berbère et arabe repoussa ceux du Ganar vers le sud, de sorte qu’à leur tour, les Wolofs repoussèrent les Sérères et les Socés vers la Gambie et occupèrent définitivement le pays qu’ils habitent encore aujourd’hui. »
Les indications fournies par Al-Bakri sur les croyances religieuses ses Takruriens avant la conversion de WarJaabi nous laissent supposer la présence des Wolof dans le Takrur. En effet, Al-Bakri nous dit que les gens du Takrur adoraient des idoles, appelées dékakir. Or le terme dékakir en wolof sert à désigner l’ébénier, dont le bois sert à fabriquer les idoles. Ce terme wolof dékakri correspond en pulaar au dialanbaani, l’arbre à partir duquel on fabrique les dialang, c’est-à-dire les idoles.
Au plan culturel, on peut supposer que ce sont les Wolof et les Sérère qui ont transmis au peuple fuutanké les techniques de la pêche et même l’agriculture. En effet, Ibn Al-Fakri, traitant des genres de vie des populations du Ghana, note qu’elle « se nourrissent de mil (dhurra) et de doliques. Ils appellent le mil dukhn ». Dukhn nous fait penser au dugup wolof qui désigne le mil en général, tandis que les doliques pourraient désigner le niébé. Les Wolof, vivant au contact des Fulbé, leur ont légué, entre autre choses, des termes relatifs à l’agriculture béyaat (sarclage ou deuxième culture) et ngoobaan (lame à moissonner) et à la pêche comme mbaal (épervier), mbakal, saakit… En outre, la majeure partie du groupe des subalbé ou pêcheurs porte des patronymes wolof et sérère.
Au plan linguistique, les études faites par Monsieur Yoro Sylla et d’autres chercheurs concordent pour rattacher le pulaar au groupe des langues ouest-atlantiques. Le wolof, le pulaar ont 24% de racines communes ; ce pourcentage est dépassé par le sérère qui partage avec le pulaar 37% de racines communes.
Ces trois langues ont donc coexistée pendant des siècles sinon des millénaires dans la même aire culturelle. Les affinités sont donc très importantes. D’ailleurs, le pulaar du Tooro et du Dimar est très fortement influencé par le wolof. On le constate à Nanga-Ngendaar, Podor, Nanga–Edi et Nanga-Ndioum et Lugge-Sebbé. En revanche, le wolof de Liw, Thiaareen, Thiaambe, Mogo, donc celui des sebbéDiéri, comporte une très forte dose de vocabulaire pulaar.

 

Extraits du livre « la Première Hégémonie Peule le FuutaTooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul » pages 74 ,75 et 76 par le Professeur Omar KANE .

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