Après ceux de Dar-el-Barka, Dar el Avia, Ould Birom, Donaye…, les événements récents à Feralla reflètent la logique d’un Système. L’accaparement des terres de paysans négro-africains concrétise un credo : l’escamotage de cette composante. Cet effacement est déjà à l’œuvre dans la fonction publique, le monde économique, l’enseignement, les forces armées et de sécurité. Bref de tous les secteurs de la vie publique. Il est servi par une politique d’arabisation assimilatrice. Les confiscations des terres appellent une suite logique dont on voit les prémices. La substitution programmée de populations en est une. Pour les FLAM, ce n’est pas une surprise. Dès avril 1986, notre «Manifeste du Négro-mauritanien opprimé », alertait sur les plans du système raciste et éliminationniste de faire main basse sur les terres du Sud.
Depuis, est survenue la tragédie de 1989 marquée par les pogroms, les déportations massives et planifiées, de l’aveu même d’un acteur  du  pouvoir, de populations négro-africaines. L’un des objectifs de l’entreprise était clairement  de faire le vide et de  redistribuer à des colons maures les terres arrachées. Une cartographie des villages avait été soigneusement établie à cet effet. « …L’objectif de l’Etat raciste est la confiscation des terres alluviales du fleuve Sénégal qui prennent une importance économique pour la classe politico-bourgeoise, du fait de la sécheresse  notamment» souligne le Manifeste ajoutant que «l’histoire des terres du Waalo se confond avec celle des populations soninké, wolof, haalpulaaren qui habitent dans cette partie de la vallée du Sénégal ».  Cette imbrication explique les réserves du gouvernement du 1er président Ould Daddah à l’égard de l’Organisation des Etats Riverains du Sénégal (OERS), puis de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Sénégal (OMVS), suspectes à ses yeux d’avoir vocation à valoriser le Sud mauritanien. Ce qu’il fallait éviter à tout prix afin de décourager les velléités, souvent fantasmées, prêtées aux autorités sénégalaises. Ainsi, de nombreux projets, envisagés dans le Sud, seront purement et simplement délocalisés au nord à dominante maure. C’est plus tard que l’Etat raciste prendra la mesure de l’impact agricole du Sud du pays. Il y entreprend alors une politique multiforme de « colonisation» rendue possible notamment grâce à la solidarité financière de pays arabes. Expulsions, substitution de populations accrue notamment par la sécheresse seront le prélude à de nouveaux aménagements. Dans le même temps, l’OMVS retrouve désormais un intérêt dans la mesure où ses objectifs peuvent être instrumentalisés en vue d’une occupation du Sud par des populations dont l’implantation rappelle d’autant plus  une colonisation de peuplement qu’elle s’adosse à une politique d’Apartheid. Parallèlement, émerge une théorie de l’Espace vital qui ne dit pas son nom. Plus encore, se  déploie une dynamique soigneusement pensée : redistribution des terres à des ressortissants d’une même communauté, mobilisation d’une société de gestion des aménagements administrée par des responsables choisis sur la base de leur appartenance raciale, adoption d’une « réglementation » foncière orientée et de circonstance. En effet, est adoptée dans la foulée, en juin 1983, une ordonnance tendant à légitimer la confiscation  des terres et leur rachat grâce à des prêts consentis exclusivement à une frange de la population, à l’intervention partiale d’un Fonds national qui est davantage communautaire que national, au concours financier de pays arabes.  Une caste issue de l’appareil militaro-affairiste maure entre en lice. Non sans cynisme, est brandie la volonté de répondre aux demandes- par ailleurs légitimes- de nos concitoyens haratines, victimes  d’un racisme endémique. On notera au passage que la sollicitude à l’égard de cette composante passe, aux yeux du pouvoir dominant, par une spoliation des populations du sud. A aucun moment, il n’est proposé à nos compatriotes haratines d’accéder à des terres sanctuarisées du nord, du centre et du centre-est du pays sur lesquels ils triment pourtant depuis des décennies. La manœuvre est évidente. Il s’agit de semer les germes du conflit entre les communautés noires du pays. Il s’agira ensuite de recouvrir l’entreprise d’oripeaux pseudo sociaux ou historiques mais révisionnistes en fait ; antériorité de la composante maure en Mauritanie, autosuffisance alimentaire, attribution des terres à ceux qui les travaillent… En l’espèce, la terre est arrachée et redistribuée complaisamment à ceux à qui un Etat partial, raciste a donné les moyens de l’exploiter. Il n’aura échappé à personne que la réforme foncière susmentionnée, support de toutes les dérives actuelles, est un texte de circonstance portant exclusivement sur les terres de la vallée du Sénégal, autrement dit la quasi-totalité des surfaces aménageables indispensables à l’autosuffisance alimentaire du pays et ce, au mépris des réalités civilisationnelles d’une société (Haalpulaar, Wolof, Soninké) pour qui la terre est le socle de la structure socio-économique, politique et culturelle. « La terre appartient au village. La seule réforme foncière acceptable pour nous est celle qui permet sa redistribution proportionnellement aux besoins de tous ses membres ». Il est peu probable qu’engagé dans sa fuite en avant éliminationniste, le pouvoir racialo-militaire mauritanien l’entende de cette oreille. Seule la mobilisation des forces démocratiques, à l’image de celle des habitants des différents villages, pourrait l’arrêter.
Département de la communication des FLAM

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