Civils d´octobre 1986 et militaires d´octobre 1987 arrivent ensemble dans le fort maudit. Ils sont enchainés. La ration d´eau quotidienne  » : 2 boites de Gloria ». La nourriture : riz bouilli et sable. Les travaux forcés de 8 heures du matin jusqu´á 20 heures á peu prés. Vexation sur vexation. On les avertit á l´arrivée  » : On veut vous tuer á petit feu.

Quelqu´un déconne, on le fusille et on dit á Nouakchott qu´il est mort de dysenterie. »On leur a tout pris á leur arrivée : montres, bagues, argent, radios.» On ne nous a rien donné pour vous.Contentez-vous de ce que vous avez.Pas de syndicalisme. Vous travaillez, un point c´est tout ». La faim. La soif. Maladies.Les hommes deviennent des zombies. Le 22 mars 1988, 22 détenus âgés ont essayé d´enlever leurs chaînes aux pieds afin de pouvoir ôter leurs pantalons pour prier correctement. Ils ont été torturés.

Plus simulacre d´exécution derrière le fort. Aprés cet incident, les conditions de détention se détériorent, en admettant que ce fût possible. On bouche les vasistas qui éclairaient les cellules. On fait courir le bruit ensuite que les détenus de Walata ont essayé de prendre la fuite. Parceque les autorités savaient que tous étaient sur le point de mourir.

Effectivement, Le 26 août 87 meurt l´adjudant de gendarmerie BÂ Alassane Omar ; le 2 septembre, c´est l´écrivain Téne Youssouf Guéye qui succombe ; le 13, le lieutenant Ba Abdoul Qudus, le 28, l´ancien ministre Djigo Tafsirou. 32 prisonniers ne pouvaient plus marcher. D´autres se nourrissaient de feuilles d´arbres, d´insectes. Les vêtements se déplaçaient tout seul á cause de la multitude de poux qui les infestaient.

L´abjection ne connait pas de bornes. La communauté internationale s´émeut. Les civils partent pour le fort d´Aïoun le 30 octobre 1988.Les militaires les rejoindront le 31 janvier 1989.C´est nettement mieux. »C´était la fête, par rapport á Walata ».

Les détenus vivent dans des cellules spacieuses. Ils font même du sport. Foot et basket. Les familles sont autorisées de visite en mars. Les événements mauritano-sénégalais durcissent la détention. Sans jamais égaler Walata. Le 12 décembre 1989, remise de peine d´une année. Les civils condamnés á 4 ans sont libérés. Les autres le seront le 14 septembre 1990.Les militaires bénéficieront de l´amnistie du 3 mars 1991.

Habib Ould Mahfoudh

Mauritanie Demain, numéro 23 (AOUT 1991)

 

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