10 septembre 1890 – 10 septembre 2018, voilà 128 ans que disparaissait Baydi Kathié Pam (ou Baydi Kacce Pam) ! Il était un jeune homme de 24 ans et originaire du village de Giyaa près de Podor (ville située dans le nord du Sénégal à 150 kms au sud de Saint-Louis.
Il s’était fait remarqué particulièrement par son hostilité contre le jagodin du Lam Toro qui supervisait la levée d’une troupe dans le canton de Guédé. Livré à l’administrateur Abel Jeandet, celui-ci le condamna à une amende de 2 bœufs et à transporter ses bagages pendant toute la durée de la campagne du Boseya. Une humiliation que Baydi Kathié Pam ne pouvait supportait. À Hayre Laaw, Baydi Kathié tua d’un coup de fusil Abel Jeandet, en présence de Boubakar Abdoul Kane (personnage très influente dans la province du Toro) et il prit la fuite. Il se réfugia à Mbanntou.
Le chef de ce canton Ardo Mbanntu, Abdoul Sidi Bah, le fit arrêter et le livra à Podor. L’attitude d’Abdoul Sidi contre Baydi Kathié Pam provoqua une profonde division dans le canton, division dont les conséquences se font encore sentir de nos jours. L’ancien Lam Toro Sidiki Sall, Mamadou Yero Sall et Boubakar Abdoul Kane furent accusés de complicité et arrêtés. Pour faire un exemple et dissuader toute velléité de révolte, un procès fut organisé immédiatement à l’issu duquel Baydi Kathié et les deux premiers furent condamnés à mort. Baydi Kathié fut exécuté le 10 septembre 1890 sur la place publique de Podor devant tous les chefs du Toro (province du Fouta).
Il se vantait d’aller au paradis pour avoir tué un « infidèle » l’administrateur en mission spécial, Aubry Lecomte, fit jeter son corps en pâture aux crocodiles du fleuve et sa tête, mise au bout d’une pique, fut exposée à la place de Podor. Boubacar Elimane Kane fut libéré, quant à lui faute de preuve. L’administrateur de Podor par intérim Riquetty et l’interprète Abdoulaye Kane n’étaient pas convaincus de sa culpabilité. Ils lui reprochèrent d’avoir prononcé « (…) des phrases maladroites (…) à l’endroit de Jeandet que Baydi Kathié était un exalté capable de tout (…) ». Il ne fut pas déporté comme l’avait suggéré Aubry-Lecomte. On infligea aux trois villages de Guedé, de Ndioum et de Guiya et à leurs habitants une amende de 800 cents bœufs dont le paiement fut exigé dans l’immédiat.
Voilà le triste de sort de Baydi Kathié surnommé au Fouta « celui qui a lavé l’affront : momtunodo yaware), trahit par ses pairs et livré à l’administration coloniale française ».
Dr Amadou Ba,
Professeur Histoire Africaine Nipissing University North Bay Ontario Canada.